Le directeur de l’association des journalistes du Kosovo attaqué par un patron de presse

Quelques jours après l’annonce par Zekirja Shabani, directeur de l’association des journalistes du Kosovo (AGK), d’une poursuite en justice contre le quotidien Tribuna pour avoir reporté le paiement de ses rédacteurs, le journaliste a été convoqué lundi 8 novembre par le propriétaire du quotidien, qui est aussi son employeur. Ce dernier souhaitait lui faire signer une rupture de son contrat de travail. Une demande aux allures de sanction, refusée par Zekirja Shabani. “C’est à ce moment-là que Sejdi Demiri est devenu agressif. Il a tenu un langage violent à mon encontre, témoigne Zekirja Shabani. Et rapidement il s’en est pris à moi physiquement.” Immédiatement après son agression, le journaliste s’est rendu au commissariat pour porter plainte. La police enquête actuellement sur les faits. Cette agression s’inscrit dans un contexte tendu entre une partie des journalistes professionnels et leurs employeurs. Alors que la précarité des rédactions est un facteur régulièrement évoqué pour expliquer une dégradation de la liberté de la presse au Kosovo, l’association dirigée par Zekirja Shabani venait d’annoncer lors d’une conférence de presse la signature d’une convention avec un cabinet d’avocats appelé à représenter les intérêts des journalistes précaires. A cette occasion, Zekirja Shabani avait déclaré vouloir “être le premier à engager une action en justice contre un employeur injuste, et poursuivre Tribuna”, son journal qui ne l’avait pas payé depuis deux mois. Suite à l’agression de Shabani, AGK a déclaré que lorsque “le directeur d’une association de journalistes et rédacteur en chef d’un journal est attaqué physiquement pour avoir osé s’élever contre les mauvaises pratiques de son employeur, le message envoyé à tous est sans équivoque quant à l’état du journalisme au Kosovo”. Le Kosovo occupe la 80ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2014 publié par Reporters sans frontières.