Le décès du journaliste Almazbek Tashiev n’était pas lié à ses activités professionnelles

Au cours d’une conférence de presse, le ministère de l’intérieur du Kirghizstan a annoncé aux journalistes que l’enquête sur le meurtre d’Almazbek Tashiev était bouclée et l’identité du coupable établie. L’auteur de ce crime serait un policier local qu’une affaire personnelle opposait à la victime. Le fonctionnaire a reconnu les faits. Les deux hommes se connaissaient bien et le policier avait même tenté plusieurs fois de se racheter en proposant de l’argent à Almazbek Tashiev alors que celui-ci était hospitalisé. Une autre enquête devrait être ouverte sur les négligences des médecins qui n’ont pas su diagnostiquer à temps le traumatisme fatal à Almazbek Tashiev. ---------------------- 13.07.09 - Reporters sans frontières bouleversée par la mort d’un journaliste kirghiz Reporters sans frontières est choquée par la mort, le 12 juillet 2009, du journaliste kirghiz indépendant, Almazbek Tashiev (photo RFE), âgé de 32 ans, qui a succombé à ses blessures à l’hôpital d’Och (sud du Kirghizistan). Il avait été admis le 4 juillet après une agression dont les motifs n’ont pas encore été élucidés. Une enquête a été ouverte. Reporters sans frontières exprime toutes ses condoléances à ses proches et à ses collègues. « La mort d’Almazbek Tashiev nous bouleverse. Nous espérons que l'enquête sera indépendante et qu'elle permettra d’élucider les circonstances, peu claires à l'heure actuelle, de l’agression dont le journaliste a été victime le 4 juillet. Ce crime ne doit pas rester impuni : ses agresseurs doivent être poursuivis », a continué Reporters sans frontières. "En reconnaissant être l'auteur de l'agression contre le journaliste, un policier kirghiz vient contredire le témoignage des proches d'Almazbek Tashiev qui affirmaient qu’il s’agissait d’un groupe de policiers. Ainsi, le ministère de l'Intérieur souligne qu'il n'y a pas de lien entre le drame et les activités professionnelles de la victime. Toutefois, nous demandons aux autorités de ne pas exclure la piste professionnelle", a poursuivi l'organisation. Asker Sakybaeva, rédactrice en chef de l’hebdomadaire d’opposition Agym, pour lequel Almazbek Tashiev collaborait régulièrement, a déclaré à Reporters sans frontières que « le journaliste critiquait modérément le gouvernement kirghiz et s’intéressait notamment aux problèmes sociaux qui affectent Bishkek, la capitale du Kirghizistan. » Elle a conclu en disant que « depuis 6 ans, Almazbek Tashiev était devenu moins critique envers le gouvernement kirghiz ». Le journaliste, qui était encore conscient lors de son admission à l’hôpital, a dit avoir été battu par une dizaine de policiers à Jany-Bazar, district de la ville de Nookat (sud-ouest du pays). Cette déclaration a été confirmée par ses proches, notamment son frère, témoin direct de l’accident. Ces dernières années, et plus encore à l’approche des élections présidentielles qui doivent se tenir le 23 juillet prochain, les journalistes travaillent dans un climat tendu au Kirghizistan. Six journalistes ont été agressés depuis le début de l’année 2009. Almazbek Tashiev est le deuxième journaliste tué depuis 2007. Le Kirghizistan est situé au 111e rang du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières pour 2008.
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Updated on 20.01.2016