Le correspondant du Guardian finalement autorisé à rentrer en Russie

Luke Harding, correspondant à Moscou du quotidien britannique The Guardian, refoulé de Russie le 5 février 2011, s’est vu délivrer un nouveau visa par les autorités. Il a pu retourner dans la capitale, le 12 février, et reprendre ses activités de journaliste. Toutefois, comme l’indique un communiqué de presse du Guardian en date du 14 février, nul ne connaît la date de validité de ce nouveau document. Aussi, Luke Harding pourrait être contraint de quitter le pays le 31 mai prochain, date à laquelle expirait son précédent visa. Son expulsion, la première touchant un correspondant occidental depuis 1989, avait suscité de nombreuses réactions au niveau international. Les autorités russes avaient prétexté des infractions administratives pour justifier leur décision. ---------------------------------------------------------------------------------- 8 février 2011 Le correspondant du Guardian expulsé : « Une mise en garde adressée à tous les correspondants étrangers » L’expulsion, le 5 février 2011, du correspondant permanent à Moscou, du quotidien britannique The Guardian, Luke Harding, est un acte grave et choquant. Il constitue une mise en garde explicite et intolérable à l’attention de tous les correspondants de presse étrangers dans le pays. C’est une tentative, musclée, d’inciter à une couverture biaisée de l’actualité, c’est-à -dire à l’autocensure. Cette décision est d’autant plus inquiétante qu’elle vise un correspondant de presse expérimenté, présent dans le pays depuis plusieurs années et parfaitement en règle avec l’administration russe. Les autorités russes s’éloignent un peu plus du respect de l’Etat de droit, puisqu’un visa peut perdre sa validité de manière discrétionnaire. L’expulsion de Luke Harding confirme les inquiétudes quant à une pression accrue sur la société civile russe en amont de l’élection présidentielle de 2012, dans un climat économique et social tendu. Une tension dont les journalistes, en particulier locaux, font les frais comme en témoigne l’agression d’une extrême violence de l’un des journalistes du quotidien Kommersant, Oleg Kachine, en novembre 2010. Empêcher un correspondant étranger résidant en Russie d’y rentrer après un séjour à l’étranger est une méthode rarement utilisée mais qui a connu des précédents. La journaliste moldave Natalia Morar, du magazine The New Times/ Novoie Vremia, en avait été victime, en décembre 2007. En 1989, Angus Roxburgh, du Sunday Times avait été expulsé d’Union soviétique, en représailles à l’expulsion du Royaume-Uni de onze citoyens soviétiques soupçonnés d’espionnage par le gouvernement de Margaret Thatcher. La Russie occupe la 140e place dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2010. La violence contre les journalistes, l’impunité dont jouissent les assassins et les agresseurs des professionnels de la presse et l’absence criante de pluralisme dans les médias - en particulier audiovisuels - , sont les principaux ennemis de la liberté de la presse dans le pays.
Publié le
Updated on 20.01.2016