Reporters sans frontières exprime son soulagement après la remise en liberté d'Aklilu Solomon, correspondant en Erythrée de la radio publique américaine Voice of America (VOA), après 18 mois de détention au secret, même si des sources locales indiquent que le journaliste n'a pas été encore autorisé à rentrer chez lui.
Au moins 13 professionnels de la presse sont encore détenus au secret dans la plus grande prison d'Afrique pour les journalistes.
Reporters sans frontières exprime son soulagement après la remise en liberté d'Aklilu Solomon, correspondant en Erythrée de la radio publique américaine Voice of America (VOA), après 18 mois de détention au secret, même si des sources locales indiquent que le journaliste n'a pas été encore autorisé à rentrer chez lui.
« Nous sommes soulagés d'apprendre qu'Aklilu Solomon a pu recouvrer la liberté, mais il est trop tôt pour crier victoire, a déclaré l'organisation. Car la fin de cette injustice criante a un goût amer. Il semble qu'en Erythrée, la remise en liberté d'un prisonnier politique ne signifie pas qu'il puisse rentrer chez lui librement. De plus, au moins treize autres journalistes ont disparu dans les geôles érythréennes depuis septembre 2001 et n'ont jamais eu droit à un procès, ni même à une inculpation. »
« La libération de ce journaliste devrait réveiller les consciences de ceux qui ont de l'influence sur le président Issaias Afeworki et les pousser à exiger la libération sans conditions de tous les journalistes injustement détenus, a ajouté Reporters sans frontières. Tant qu'ils seront emprisonnés, l'Erythrée restera cette triste exception en Afrique, où le droit à l'information n'est plus qu'un souvenir. »
Aklilu Solomon a été libéré, le 31 décembre 2004, en compagnie d'un nombre indéterminé de détenus, après un an et demi de détention. Selon le site internet d'informations Asmarino, le journaliste était emprisonné dans un container en métal, dans l'enceinte de la prison de May Srwa, attenante à la prison de Adi Abeyto, à quelques kilomètres au nord d'Asmara. Un porte-parole de VOA a confirmé que son correspondant en Erythrée avait été « libéré en décembre et se trouvait aujourd'hui chez lui à Asmara », dans un état de santé « raisonnablement bon ». Toutefois, une source locale a indiqué à Reporters sans frontières que le journaliste se trouvait encore dans la ville d'Agordat (Ouest), « peut-être pour un debriefing, pour suivre une instruction militaire ou une rééducation ». Selon la même source, Aklilu Solomon aurait été hospitalisé plusieurs fois pendant sa détention, pour des crises de malaria ou de tuberculose. Après leur libération, les prisonniers politiques érythréens ne sont pas systématiquement renvoyés chez eux, mais peuvent être appelés à effectuer un service militaire.
Aklilu Solomon avait été arrêté à son domicile le 8 juillet 2003, dix jours après avoir été privé de son accréditation officielle, pour avoir rendu compte, dans un reportage diffusé le 21 juin 2003 par VOA, de la tristesse des familles de soldats à qui les autorités annonçaient, lors de réunions collectives, la mort de leurs proches dans la guerre contre l'Ethiopie (1998-2000). Dans leurs comptes rendus, les médias publics affirmaient de leur côté que l'annonce des noms des « martyrs » était accompagnée par des cris de joie.
Des officiels érythréens avaient à l'époque annoncé qu'Aklilu Solomon avait été conduit dans un camp militaire pour effectuer son service national. Selon VOA, le journaliste avait déjà effectué une partie de son service et était exempté de la suite pour raisons médicales.