Le correspondant de Reporters sans frontières arrêté, la police entrave le cours de la justice

Des policiers en civil ont arrêté Saleem Samad, le correspondant de Reporters sans frontières, pour avoir aidé une équipe de la télévision britannique Channel-4. Une journaliste a également été arrêtée à Chittagong. L'organisation demande à l'Union européenne de se prononcer pour la libération des reporters européens.

Dans la nuit du 29 novembre 2002, la police a arrêté, à Dhaka, Saleem Samad, journaliste et correspondant de Reporters sans frontières, pour avoir collaboré avec deux reporters de la télévision britannique Channel-4. On est depuis sans nouvelles de lui. A Chittagong, une journaliste a également été arrêtée pour avoir rencontré la même équipe. En tout, au moins six personnes sont détenues dans cette affaire. "Reporters sans frontières est très émue de l'arrestation de son correspondant, un journaliste rigoureux et militant de longue date de la liberté de la presse. Nous appelons la communauté internationale, notamment l'Union européenne, à se prononcer très fermement pour la libération de ces journalistes", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières dans une lettre adressée au Premier ministre, Begum Khaleda Zia. Reporters sans frontières demande solennellement au Premier ministre d'intervenir pour obtenir la libération des six personnes détenues et le classement de cette plainte pour "sédition" qui fait passer, sans preuves, des journalistes pour de "dangereux conspirateurs". Le 29 novembre 2002, à trois heures du matin, des policiers en civil ont arrêté Saleem Samad au domicile de Dhaka de l'un de ses amis. Les autorités n'ont donné aucune nouvelle de lui, mais il est probablement détenu dans un des bâtiments de la Detective Branch (police d'investigation), à Dhaka. Cette arrestation aurait été rendue possible suite à des écoutes téléphoniques pratiquées sans discrimination par la police. La famille de Saleem Samad, dont le domicile a été perquisitionné, doit se cacher après avoir reçu de nombreuses menaces. Un policier a même menacé d'arrêter le fils du journaliste. Le 28 novembre, Sumi Khan, correspondante de l'hebdomadaire Shaptahik 2000 à Chittagong (sud-est du pays), a également été interpellée par la police qui lui reproche d'avoir rencontré les deux journalistes de Channel-4. D'autres journalistes de Dhaka et de province ont affirmé à Reporters sans frontières redouter d'être arrêtés pour avoir rencontré l'équipe de télévision britannique. Depuis le 25 novembre, date à laquelle Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, journaliste et cameraman de Channel-4, ainsi que leur traducteur, Pricilla Raj, et leur chauffeur, Mujib, ont été arrêtés par la police alors qu'ils étaient sur le point de franchir la frontière avec l'Inde, près de Benapole (est du pays), la police empêche le bon déroulement de la justice. Aucun avocat des journalistes n'a pu obtenir une copie de la plainte pour "sédition". Par ailleurs, la police n'a toujours pas permis aux avocats ou aux diplomates d'accéder aux journalistes. Enfin, les autorités ont écarté de l'enquête un officier de police qui aurait transmis à la presse certaines informations sur l'enquête. Le 26 novembre, une cour de Dhaka a décidé de maintenir en détention les deux reporters pour cinq jours.
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Updated on 20.01.2016