Le Conseil des médias porte sérieusement atteinte au pluralisme du paysage radiophonique
Organisation :
Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté la décision prise le 20
décembre 2011 par le Conseil des médias qui privera dans quelques semaines de sa
fréquence la seule radio d’opposition active sur le plan national, Klubradio. Suite à un
appel d’offres public dont les modalités sont fortement contestées, la fréquence de cette
station suivie depuis dix ans par un demi million d’auditeurs a été attribuée à une radio
inconnue nommée Autoradio. Klubradio continuera à émettre jusqu’en mars 2012, date à
laquelle elle est censée céder sa licence.
Le Conseil des médias et le gouvernement hongrois célèbrent on ne peut
plus “dignement” le premier anniversaire de la loi sur les médias qui, un an jour pour
jour après son adoption, commence donc à produire les effets redoutés. Certes
l’attribution des fréquences radio reste toujours un exercice compliqué qui laisse
souvent un certain nombre de candidats déçus par les arbitrages nécessaires. Mais la
décision du Conseil des médias est manifestement partisane et ne tient absolument pas
compte de la pertinence des dossiers. L’audience de Klubradio et son ancienneté dans
le paysage audiovisuel national sont des éléments qui ont curieusement été négligés,
au profit d’une radio totalement inconnue mais au contenu probablement bien moins
critique.
Nous réitérons, comme nous l’avons fait tout au long de l’année 2011, notre appel à
une abrogation pure et simple de la loi sur les médias adoptée en décembre 2010, tout
spécialement en ce qui concerne la création et le fonctionnement du Conseil des médias.
Le gouvernement de Victor Orban est manifestement très loin d’avoir tiré les leçons de
la polémique internationale qui a terni la présidence hongroise de l’Union européenne
(UE) et décrédibilise encore aujourd’hui la voix des institutions européennes sur la
question de la liberté de l’information.
A l’heure où la Croatie rejoint l’Union européenne, le gouvernement hongrois, avec le
curieux soutien d’une grande partie de la classe politique, adopte une vision de plus en
plus obscurantiste de la liberté de la presse, contrevenant au passage et de plus en plus
régulièrement aux standards démocratiques qu’elle est censée incarner. A la différence
de bon nombre de régimes, la Hongrie, Etat membre de l’UE, ne peut se permettre d’être
signataire de la Charte européenne des droits fondamentaux et d’y contrevenir avec une
telle régularité.
Publié le
Updated on
20.01.2016