L'Australie doit insister pour que le gouverneur indonésien Sutiyoso comparaisse à Sydney

Différents témoignages apportés devant la cour de Sydney qui enquête sur la mort de Brian Peters, laissent à penser que le gouverneur indonésien et ancien général Sutiyoso était l'un des capitaines de la "Team Susi", le régiment responsable de l'invasion de Balibo, le 16 octobre 1975. Lors d'une conférence de presse organisée le 31 mai 2007 à Jakarta, des membres de la Coalition for International Human Rights Advocacy ont déclaré que le général aurait dû être arrêté à Sydney. Se référant à des archives de la police des Nations unies, l'organisation a affirmé que Sutiyoso était à la tête de l'invasion de la ville de Batugade, devenue la base stratégique pour l'invasion de Balibo intervenue quelques jours plus tard. Sutiyoso, ancien général, a également été à la tête de troupes indonésiennes qui ont commis des crimes de guerre lors de l'invasion et l'occupation du Timor. Son nom est également cité dans la répression de l'opposition indonésienne, notamment le PDI, pendant la dictature, et des séparatistes en Aceh. "La mise en scène d'une crise diplomatique par le gouverneur Sutiyoso depuis son retour à Jakarta, le 29 mai 2007, ne doit en aucun cas nous faire oublier son passif en matière d'atteintes aux droits de l'homme. Le gouvernement australien aurait dû insister pour que le gouverneur de Jakarta vienne comparaître devant la cour de Sydney", a affirmé Reporters sans frontières. Une fois rentré à Jakarta, le général Sutiyoso a crié au scandale quant à "l'intrusion dans sa chambre d'hôtel" d'un officier de police venu l'inviter à comparaître. L'actuel gouverneur a réclamé des excuses officielles et des manifestations anti-australiennes ont eu lieu en Indonésie. Dans les heures qui ont suivi son départ précipité, l'ambassadeur australien en Indonésie, Bill Farmer, ainsi que le gouverneur de la New South Wales, Morris Iemma, ont présenté leurs excuses, assurant Sutiyoso qu'une enquête serait menée sur ce "regrettable" incident. Le ministre indonésien des Affaires étrangères avait déclaré à l'ouverture de l'enquête sur la mort des cinq journalistes de Balibo que "toute découverte hostile à l'Indonésie au cours de cette enquête ne ferait que fragiliser les liens, déjà ténus, de cette relation bilatérale". ----------- 30.05.07 Affaire des cinq journalistes de Balibo : un officiel indonésien se soustrait à la justice Alors que l'enquête sur le meurtre du journaliste Brian Peters et de ses quatre collègues tourne à l'incident diplomatique entre l'Australie et l'Indonésie, Reporters sans frontières soutient le travail de plus en plus difficile de la magistrate Dorelle Pinch. Ainsi, un gouverneur indonésien, ancien militaire ayant servi au Timor, vient de quitter le pays précipitamment en se soustrayant à la justice. "Nous condamnons l'attitude du gouverneur indonésien Sutiyoso qui a préféré fuir plutôt que témoigner devant la justice. La magistrate australienne doit continuer son travail sur le quintuple assassinat commis le 16 octobre 1975 à Balibo. Les militaires indonésiens n'ont aucune raison d'être protégés éternellement. La justice doit maintenant prévaloir, et non pas l'impunité et les arrangements diplomatiques. Ce qui s'est passé le 16 octobre 1975 à Balibo est un crime de guerre : l'élimination physique de témoins gênants d'une invasion militaire qui a, par la suite, provoqué la mort de plusieurs dizaines de milliers de Timorais", a affirmé Reporters sans frontières. Le 29 mai 2007, l'actuel gouverneur de Jakarta, Sutiyoso, invité par le gouvernement de New South Wales à Sydney, a reçu à son hôtel, des mains d'un officier de police, une citation à comparaître devant la cour de Glebe. La citation a été ordonnée par la juge Dorelle Pinch afin que Sutiyoso, lieutenant-général à la retraite et également candidat possible à la prochaine élection présidentielle, vienne témoigner en tant que membre de la brigade indonésienne qui a attaqué Balibo lors de l'invasion du Timor. Selon un correspondant de guerre indonésien, Sutiyoso était membre des forces spéciales qui ont tué les cinq journalistes. L'ancien militaire nie avoir été présent à Balibo. Le diplomate indonésien a, dans les heures qui ont suivi, pris un avion en direction de Jakarta et a demandé des excuses formelles au gouvernement australien. Des manifestations anti-australiennes ont eu lieu à Jakarta et des ressortissants australiens ont été menacés. Le même jour, le procureur Mark Tedeschi a, dans son résumé final, demandé à la cour de qualifier de meurtre prémédité par les forces indonésiennes la mort de Brian Peters et de ses quatre collègues. La réouverture de l'enquête, le 2 mai 2007, aura permis à la cour de Glebe de rassembler suffisamment de preuves et de nouveaux témoins afin de qualifier ces meurtres de "crimes de guerre" et d'avoir recours aux procédures de police internationales. Les Conventions de Genève relatives à la protection des civils en temps de guerre permettent à la justice australienne de continuer son travail et de punir les auteurs et les complices de ce quintuple assassinat.
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Updated on 20.01.2016