Large campagne des autorités contre les médias indépendants

Reporters sans frontières condamne fermement la décision du ministre de l’Information, le 4 mai 2009, d’interdire l’impression de publications accusées de « séparatisme ».

Reporters sans frontières condamne fermement la décision du ministre de l’Information, le 4 mai 2009, d’interdire l’impression de publications accusées de « séparatisme », Al-Nada, Al-Shari’, Al-Masdar, Al-Mustaqila, Al-Diyar, Al-Ayyam et Al-Watani. « Cette décision équivaut à de la censure pure et simple », a déclaré l’organisation, qui a adressé ce jour une lettre au président de la République du Yémen, Ali Abdullah Saleh, lui demandant de faire annuler cette décision, et de faire en sorte qu’une presse indépendante puisse exister au Yémen. Le rédacteur en chef du site d’informations en langue arabe Mukalla Press, Fouad Rachid, a par ailleurs été arrêté, le 4 mai 2009, par les forces de sécurité yéménites. L’arrestation a eu lieu aux alentours de 20 heures dans la ville de Mukalla, capitale régionale de la province de Hadramaout (à 500 km à l’est de Sanaa). Le journaliste a ensuite été transféré dans un lieu inconnu. Le site d’informations Mukalla traite notamment du mouvement de protestation qui agite actuellement le sud du pays. Reporters sans frontières rappelle que cette décision fait suite au harcèlement dont a fait l’objet le quotidien privé Al-Ayyam au cours des derniers jours, du fait de sa couverture des événements dans le sud du pays. Le Yémen occupe la 155e place (sur 173) dans son classement mondial de l’organisation de 2008. ----------------- 05.05 : La circulation du journal Al-Ayyam entravée Reporters sans frontières condamne le harcèlement dont fait l’objet le quotidien privé Al-Ayyam au cours des derniers jours, du fait de sa couverture des évènements dans le sud du pays. « De telles mesures sont dignes d’un régime totalitaire », a déclaré Hisham Bashraheel, rédacteur en chef du journal, à Reporters sans frontières. Le 2 mai, il a contacté le Premier ministre, qui a promis de demander l’ouverture d’une enquête. « Les évènements récents mettent en péril l’existence même du journal. Nous exhortons les autorités à ouvrir une enquête sur ces incidents, et à faire en sorte que le journal puisse être distribué normalement. Ces méthodes s’apparentent à de la censure », a déclaré Reporters sans frontières. Le vendredi 1er mai, un camion chargé d’acheminer les copies du journal a été intercepté par des inconnus à 50 kilomètres au nord d’Aden (360 km au sud de Sanaa), sur la route de Lahej. Le chauffeur a été contraint d’abandonner le véhicule. Les quelques 16 500 copies ont été confisquées. Le 3 mai au matin, un incident similaire s’est produit pour deux camions de livraison du journal, l’un à destination de Taez et l’autre de Sanaa. Les 30 000 copies du journal ont ainsi disparu et les chauffeurs ont été kidnappés pendant 17 heures. Ces attaques seraient l’œuvre d’une organisation de défense de l’unité nationale, organisation proche du pouvoir. Reporters sans frontières rappelle que les correspondants locaux du journal ont fait l’objet de menaces régulières. Le 12 février 2008, le journal avait été la cible d’une attaque à main armée (http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25750) Créé en 1958, Al-Ayyam est l’un des quotidiens les plus importants au Yémen. Sans affiliation politique, cette publication, dont le siège est basé à Aden, s’est fait le porte-voix des habitants des provinces du Sud. Au cours des derniers mois, le journal a largement couvert les mouvements de contestation sociale qui ont secoué les régions les plus défavorisées du pays.
Publié le
Updated on 20.01.2016