L'animateur de radio Alex Adonis maintenu en détention malgré un ordre de la cour autorisant sa libération sous caution
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Reporters sans frontières dénonce la maintien en détention de l'animateur de la radio dxMF Bombo Radyo, Alex Adonis, qui s'est pourtant acquitté d'une caution lui permettant d'être libéré, conformément à une décision de la cour régionale de justice de Davao (Sud). Le journaliste avait été condamné en 2007 à quatre ans et demi de prison pour "diffamation" envers un membre du Parlement.
"La détention d'Alex Adonis ne peut plus durer. Sa condamnation à plusieurs années de prison pour diffamation constituait déjà une atteinte à la liberté d'expression et une tentative d'intimidation des journalistes. Son maintien en détention en violation d'une décision de justice est désormais une insulte à l'Etat de droit aux Philippines. La Cour suprême doit ordonner la libération du journaliste. La diffamation doit être extraite du domaine de la loi pénale", a déclaré Reporters sans frontières.
Les collègues de l'animateur de radio, qui l'ont aidé à régler sa caution et se sont assurés de la délivrance de l'ordre de libération, étaient venus accueillir Alex Adonis, le 26 mai 2008, à la sortie du pénitentier de Davao (Dapecol). Les journalistes ont dû faire face au refus du directeur de la prison, le superintendant Benjo Tesoro, de libérer Alex Adonis avant que des "autorités correctionnelles supérieures" en soient informées. Le juge George Omelio, de la 14e cour du tribunal régional de Davao, avait ordonné le jour même la libération de l'animateur de radio contre une caution de 73 euros.
La National Union of Journalists of the Philippines (NUJP) a appelé, dans un communiqué publié le 28 mai, le ministre de la Justice, Raúl Gonzáles, et le directeur des Services correctionnels, Oscar Calderón - l'"autorité correctionnelle supérieure" invoquée par Benjo Tesoro -, "à corriger cette erreur qui a privé leur collègue de ses droits constitutionnels". La NUJP a soutenu l'ordonnance déposée devant la Cour suprême, le 28 mai, par l'avocat d'Alex Adonis, Harry Roque, demandant à la haute juridiction de se prononcer sur le caractère légal ou non de la détention de son client.
Une plainte a été déposée conjointement, à la fin avril 2008, par Alex Adonis, la NUJP et le Center for Media Freedom and Responsibility (CMFR) devant le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies pour dénoncer le caractère "criminel" de la loi sur la diffamation.
L'avocat Harry Roque a par ailleurs demandé une révision du procès du journaliste par la cour régionale de justice de Davao, en raison d'un mémorandum de la Cour suprême, du 25 janvier 2008, recommandant aux juges de condamner les personnes coupables de "diffamation" à des amendes plutôt qu'à des peines de prison.
L'animateur de la radio dxMF Bombo Radyo, Alex Adonis, avait été condamné par contumace, le 31 janvier 2007, à quatre ans et demi de prison pour "diffamation". Le journaliste avait déclaré sur les ondes que Prospero Nograles, président du Parlement et proche de la présidente Gloria Arroyo, avait été vu s'enfuyant nu d'un hôtel de Manille après avoir été surpris par le mari de sa maîtresse présumée. Bien qu'ayant obtenu, le 11 décembre 2007, une libération conditionnelle pour avoir purgé le minimum de sa peine, Alex Adonis était resté en prison à cause d'une nouvelle plainte déposée contre lui par la femme évoquée à l'époque.
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Updated on
20.01.2016