L'affaire Politkovskaïa devant la justice, ouverte au public, mais sans commanditaire ou tireur

Plusieurs participants à l'assassinat de la journaliste de Novaïa Gazeta, abattue le 7 octobre 2006 à Moscou, sont jugés à partir du 17 novembre 2008 par un tribunal militaire de la capitale. Alors que seuls des “seconds couteaux” comparaissent, le tribunal a accepté que le procès soit ouvert au public et à la presse. Une bonne décision qui ne doit pas faire oublier que l'affaire n'est pas close.

“L'ouverture du procès au public et à la presse est une bonne décision, eu égard à l'importance de l'affaire. Il s‘agit de l'assassinat d'une journaliste critique, d'une voix indépendante, qui avait consacré sa vie professionnelle à porter à la connaissance du public des aspects de la réalité que beaucoup auraient souhaités voir enfouis. Nous avons une dette envers elle. Nous lui devons la transparence dans la recherche et le jugement de ses assasins”, a déclaré Reporters sans frontières. “Quoi qu'il en soit, l'affaire n'est pas close, et ne le sera pas tant que ni les commanditaires ni le tireur n'auront été identifiés et jugés”, a conclu Reporters sans frontières . Le 3 octobre dernier, l'organisation avait accueillli Ilya Politkovskiy pour une conférence de presse, lors de laquelle le fils de la journaliste avait appelé les journalistes à ne pas oublier sa mère. “Il est important que l'attention des médias ne fléchisse pas”, avait-il déclaré, avant d'ajouter que la famille avait porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme pour “violation du droit à la vie” (article 2 de la Convention). Le 17 novembre 2008, la deuxième audience du procès de quatre participants à l'assassinat d'Anna Politkovskaïa s'est ouverte devant un tribunal militaire de la ville de Moscou. Lors de cette audience, les juges se sont prononcés en faveur de l'ouverture des débats au public, et à la presse. La présence parmi les accusés d'un membre actif des services secrets russes (FSB), ainsi que, selon l'avocat de l'un des accusés, de documents à caractère secret, n'ont pas suffi à justifier la tenue à huis clos du procès. L'officier du FSB Pavel Riagouzov, ainsi que trois autres hommes, Djabraïl et Ibragim Makhmoudov et Sergueï Khadjikourbanov sont les prévenus d'un procès dont on ignore la durée. Les deux premiers sont considérés comme des complices, et le dernier, un ancien policier spécialisé dans la lutte contre le crime organisé, comme l'un des organisateurs de l'assassinat de la journaliste. Lors de la prochaine audience, fixée au 18 novembre, le choix des jurés devra également être confirmé.
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Updated on 20.01.2016