L'acharnement se poursuit contre un journal indépendant

Depuis qu’il a pris la relève du journal indépendant Respublika, le 18 septembre 2009, le titre Moya Respublika fait l’objet de pressions de plus en plus fortes de la part des autorités. Dissuadées par la saisie des exemplaires de Respublika vendredi dernier, les imprimeries d’Almaty ont refusé les unes après les autres de mettre sous presse le nouveau titre. Le seul établissement ayant accepté de le faire, “Kometa S”, a aussitôt dû faire face à des tracasseries de plus en plus sérieuses. Dès le 18 septembre, “Kometa S” a reçu la visite de la police financière (Département de lutte contre la délinquance économique et la corruption, DBEKP) et de l’inspection des impôts. Sans montrer de documents ni préciser les motifs de leur enquête, les fonctionnaires du DBEKP avaient déjà emporté les ordinateurs contenant les comptes financiers, lorsque les inspecteurs des impôts ont procédé inopinément, vers sept heures du soir, à un contrôle fiscal complet et mis les locaux sous scellés. Dans la soirée du 24 septembre, alors que les numéros hebdomadaires de Moya Respublika étaient sous presse, l’imprimerie “Kometa S” a été investie par des membres de la police financière et du KNB (ex-KGB), qui ont saisi les éditions imprimées et menacé d’en faire autant avec les bulletins du parti d’opposition “Alga”. L’accès aux locaux a été refusé aux journalistes et à l’avocat de l’imprimerie. Plusieurs témoins rapportent des voies de fait et l’arrestation de trois typographes. Malgré tout, l’équipe de Moya Respublika a pu distribuer ce matin des copies du journal réalisées par risographe (copieur numérique). Dans un communiqué, la rédaction se dit déterminée à continuer de publier, “que ce soit sous un autre format, par risographe, ou même sur un trombone”. ----------------------------------- 18.09.2009 - Respublika, nouvelle victime de la répression de la presse indépendante Dans la nuit du vendredi 18 septembre 2009, les exemplaires du principal quotidien indépendant kazakh, Respublika, ont été saisis, et les comptes bancaires de son propriétaire et éditeur gelés par la justice. Cette saisie intervient à la suite de la condamnation du journal à une amende de 60 millions de tenge (275 500 euros) par le tribunal du district de Medeu à Almaty, le 9 septembre 2009, pour "atteinte à la réputation professionnelle" de la banque BTA. "Nous sommes profondément choqués par cette nouvelle attaque contre la presse kazakhe, et nous nous associons à la rédaction et aux organisations locales pour dénoncer une décision politique", a déclaré Reporters sans frontières. "Il s’agit de mettre à genoux l’un des principaux titres indépendants du pays, qui ne se prive pas de critiquer le gouvernement. Cette volonté est d’autant plus évidente que le jugement n’est pas encore officiellement entré en vigueur. En effet, le journal a jusqu’au 24 septembre pour faire appel", a rappelé l’organisation. Le 6 mars 2009, Respublika avait publié un article sur la difficile situation de l’établissement bancaire BTA. La banque, dont l’Etat venait d’acquérir 75% du capital en février, avait alors porté plainte contre le journal, son rédacteur en chef et le directeur du comité de rédaction, en invoquant la "défense de la réputation professionnelle" et le "préjudice moral" subi. Le quotidien d’opposition avait déjà été acculé à la fermeture à plusieurs reprises dans le passé, puis était reparu sous un nom différent. Cette fois encore, le numéro retiré des imprimeries cette nuit est paru dès ce matin sous un nouveau titre : Moya Respublika – fakty, sobytia, lyudi. "En temps de crise financière, il est plus important que jamais de pouvoir diffuser librement l’information économique. C’est un très mauvais signe que le Kazakhstan vient d’envoyer à ses partenaires trois mois et demi avant de prendre la tête de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)", a ajouté Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016