A la veille du second tour de la présidentielle, Reporters sans frontières redoute une "chasse aux sorcières" au sein des médias
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Reporters sans frontières exprime son inquiétude à la veille du second tour de l'élection présidentielle, qui opposera, le 26 novembre 2006, Rafael Correa (gauche) et Alvaro Noboa (droite). La campagne, émaillée d'injures et de menaces entre les deux candidats et leurs partisans, fait craindre à l'organisation une “chasse aux sorcières” au sein des médias à l'issue du scrutin
“Nous craignons les retombées de cette campagne pour la presse équatorienne. Faute de débat politique de fond, le dialogue entre Rafael Correa, son adversaire Alvaro Noboa et leurs partisans respectifs s'est limité à des échanges d'insultes, de menaces et de coups bas dont les médias, comme c'était leur rôle, se sont fait l'écho. Dans un climat aussi tendu, nous espérons que l'issue du scrutin sera respectée et que chaque candidat saura calmer ses rangs et se garder de toute tentation de vengeance contre les médias réputés du camp adverse. L'Equateur ne doit pas basculer à son tour dans une guerre médiatique”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 15 octobre 2006, le magnat de la banane Alvaro Noboa et l'économiste de gauche Rafael Correa étaient arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec respectivement 26 % et 23 % des voix. Le premier, qui se dit “investi par Dieu” et revendique l'alliance avec les Etats-Unis, reproche au second sa proximité avec le président vénézuélien Hugo Chávez. Rafael Correa dénonce, quant à lui, les vues néo-libérales de son concurrent, ses méthodes autoritaires et l'exploitation d'enfants dans ses bananeraies.
Pendant un mois et demi de campagne, les deux candidats n'ont cessé de s'accuser, pour l'un, d'être un “diable et un terroriste communiste”, pour l'autre, “un fondamentaliste d'extrême droite digne de Somoza” (du nom d'un ancien dictateur nicaraguayen).
Le 6 novembre, Alvaro Noboa, très méfiant envers les médias, s'en est pris publiquement à la chaîne Ecuavisión, accusant ses journalistes de servir la cause de Rafael Correa et de participer à la “destruction du pays”. Ecuavisión a répliqué en tenant le candidat pour “responsable de l'intégrité physique” du personnel de la chaîne, a rapporté l'Agence France-Presse.
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Updated on
20.01.2016