La vague de censure est terminée : Reporters sans frontières demande des garanties pour qu'elle ne se reproduise pas

Reporters sans frontières demande au président soudanais Omar al-Bechir de garantir que la vague de censure lancée contre de nombreux quotidiens de Khartoum entre le 6 et le 18 septembre 2006 ne se reproduira pas, après l'annonce par l'un de ses adjoints de son arrêt officiel. Le 18 septembre, le vice-président Ali Osman Mohamed Taha a en effet annoncé la levée des mesures exceptionnelles de censure imposées à de nombreux journaux paraissant à Khartoum depuis douze jours. Tout en exprimant ses regrets, il n'a toutefois donné aucune assurance sur le fait qu'une telle décision ne serait pas prise de nouveau. Sept journaux ont été particulièrement touchés quotidiennement, entre les 6 et 18 septembre, par les interdictions de publication de certains articles : les quotidiens privés arabophones Al-Ayam, Al-Adwaa, Al-Sudani, Alwan, Al-Sahafa, Rai-Al-Chaab et Al-Watan. Le 9 septembre, après avoir saisi tous les exemplaires d'Al-Sudani à la sortie de l'imprimerie, un responsable des services de sécurité avait invoqué la sécurité des journalistes après l'assassinat, le 6 septembre, de Mohamed Taha, rédacteur en chef du quotidien privé soudanais Al-Wifaq. Selon lui, en raison du fait que “le défunt est un journaliste”, le traitement “émotionnel” de cet assassinat pouvait "nuire à l'enquête". Mais, selon des journalistes locaux, les articles censurés traitaient non seulement de l'assassinat de Mohamed Taha, mais aussi de sujets d'actualité embarrassants pour les autorités, notamment la répression des manifestations populaires à Khartoum le 30 août et le 6 septembre, ainsi que le bras de fer engagé entre le président Omar al-Bechir et l'ONU au sujet de la résolution 1706 sur le Darfour. ----------- 15.09.2006 - Deux quotidiens saisis par les autorités : la vague de censure continue Reporters sans frontières dénonce la poursuite de la vague de censure au Soudan, après la saisie par des agents de la sécurité intérieure de tous les exemplaires de deux quotidiens privés arabophones, al-Rai al-Shaab (opposition) et al-Sudani (indépendant), à la sortie de l'imprimerie, le 14 septembre 2006. C'est la deuxième fois en une semaine qu'al-Sudani est censuré. Des journalistes ont déclaré à l'agence Reuters que les articles incriminés traitaient des insuffisances démocratiques du régime et notamment de la répression violente, par les autorités, des récentes manifestations dans la capitale contre la vie chère. Minni Arcua Minnawi, un haut responsable du gouvernement et leader du Sudan Liberation Movement (SLM), un mouvement rebelle du Darfour, a dénoncé “une violation grave” de la nouvelle Constitution, accusant le National Congress Party du président Omar al-Bechir de ne pas jouer le jeu du partage du pouvoir. ------------------------------- 13.09.06 - Vague de censure à Khartoum Reporters sans frontières dénonce la vague de censure ayant frappé, depuis le 6 septembre, les quotidiens privés arabophones Al-Ayam, Al-Sahafa, Al-Sudani et Rai-al-Shaab (opposition), une première depuis l'annonce de la fin des lois d'exception par le président Omar al-Bechir en juillet 2005. “Nous avions souligné, l'année dernière, l'amélioration progressive de la situation de la liberté de la presse au Soudan. Mais les agressions et les emprisonnements de journalistes se sont multipliés ces dernières semaines. En contradiction avec ses engagements solennels, le gouvernement soudanais utilise maintenant le drame de l'assassinat du rédacteur en chef du quotidien privé Al-Wifaq, Mohamed Taha, le 6 septembre, pour remettre en vigueur la censure des articles à caractère politique. La communauté internationale, très concernée par la situation au Soudan, doit aussi prendre en compte la situation de la liberté de la presse”, a déclaré Reporters sans frontières. Selon des journalistes locaux, les articles censurés traiteraient non seulement de l'assassinat de Mohamed Taha, mais aussi de sujets d'actualité embarrassants pour les autorités soudanaises, notamment la répression des manifestations populaires à Khartoum le 30 août et le 6 septembre et le bras de fer engagé entre le président Omar al-Bechir et l'ONU au sujet de la résolution 1706 sur le Darfour. Le 11 septembre 2006, des agents des forces de sécurité ont ordonné la suppression avant impression, dans Al-Sahafa, de deux articles traitant d'une rencontre de journalistes au sujet de Mohamed Taha, ainsi que de l'éditorial de Hayder al Mukashfi. Le rédacteur en chef adjoint d'Al-Sudani, Noureddine Medani, a quant à lui déclaré à l'Agence France-presse (AFP) que des agents des forces de la sécurité avaient saisi, le même jour, des articles traitant des récentes émeutes à Khartoum. De même, des responsables d'Al-Ayam ont dénoncé la censure de plusieurs parties de leur journal, sans fournir plus de détails. Le 9 septembre, la police soudanaise a saisi tous les exemplaires d'Al-Sudani, à la sortie de l'imprimerie, en invoquant la sécurité des journalistes après l'assassinat de Mohamed Taha. Selon un responsable des services de sécurité, en raison du fait que “le défunt est un journaliste”, le traitement “émotionnel” de cet assassinat pourrait "nuire à l'enquête". Osman Merghani, chroniqueur à Al-Sudani, a expliqué à l'agence Reuters que les autorités n'avaient pas "signalé quels articles elles n'aimaient pas. Elles ont juste dit que tous les articles étaient inconvenants". Enfin, la Sudan Organisation Against Torture rapporte que le 6 septembre au soir, une équipe du département presse et médias du Service de la sécurité nationale a fait irruption dans les locaux de Rai-al-Shaab pour ordonner le retrait de toute information relative aux manifestations ayant eu lieu le même jour à Khartoum. Le journal a finalement été imprimé sans une et sans texte en troisième page. Haj Warag n'a pas écrit son éditorial quotidien, en signe de protestation. Le 11 juillet 2005, devant une assemblée composée de plusieurs présidents africains, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et de nombreux officiels européens et américains, le président Omar al-Bechir avait affirmé qu'il s'engageait à soutenir la démocratisation du pays, ainsi que l'Etat de droit et les libertés, et à mettre fin aux lois d'exception
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Updated on 20.01.2016