La Turquie fermera-t-elle ses portes à un journaliste néerlandais ?
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Reporters sans frontières demande des clarifications urgentes quant aux difficultés rencontrées par le célèbre journaliste néerlandais Bram Vermeulen pour prolonger son séjour en Turquie, où il travaille depuis 2009. Le correspondant du quotidien libéral néerlandais NRC Handelsblad s’est vu régulièrement signifier par la douane qu’il n’était pas le bienvenu dans le pays. Confronté au refus tacite de l’administration de lui renouveler sa carte de presse, il n’a pour l’instant obtenu aucune explication de la part des institutions compétentes.
« L’ambiguïté des autorités turques est inacceptable. Si elle se prolonge, Bram Vermeulen sera de facto interdit de séjour à compter du 1er janvier 2014. Cela constituerait une première pour un journaliste étranger depuis 1995, et un nouveau signe de la crispation d’Ankara vis-à-vis de la presse internationale. Nous exhortons l’administration à régulariser la situation de Bram Vermeulen ou à expliciter clairement ce qu’elle lui reproche », a déclaré Reporters sans frontières.
Depuis le début de l’année, le journaliste a été stoppé et interrogé à cinq reprises à son arrivée dans le pays. « À chaque fois les gardes-frontières me disent qu’il y a un problème de sécurité ou que je suis sur liste noire, confie Bram Vermeulen à Reporters sans frontières. Mais on finit toujours par me laisser entrer dans le pays, car j’ai un permis de travail valable jusqu’au 31 décembre 2013. Personne, ni l’ambassade de Turquie, ni le ministère de l’Intérieur, ni la police, ne m’explique pourquoi je subis ce traitement. » Un douanier aurait affirmé au journaliste qu'à l'avenir, même un visa touristique ne pourrait lui être délivré.
Depuis le mois d’avril, il attend en vain le renouvellement de sa carte de presse par la Direction générale chargée des médias et de l’information (BYEGM), liée aux services du Premier ministre. Ne comprenant pas pourquoi il est le seul parmi ses collègues à ne pas l’avoir reçue, il a interpellé à maintes reprises les autorités compétentes, sans succès. Ni la direction de NRC Handelsblad ni le ministère des Affaires étrangères néerlandais n’ont obtenu d’éclaircissements de la part d’Ankara. Ce retard est d’autant plus problématique que le prolongement de son permis de séjour est conditionné à l’obtention d’une carte de presse.
« Je ne suis accusé d’aucun crime, poursuit le correspondant de NRC Handelsblad. Je dispose de tous les papiers exigés des journalistes étrangers. Je ne vois aucune raison (légitime) pour qu’on m’empêche de faire mon travail. » Bram Vermeulen exclut que sa couverture des événements de Gezi puisse être à l’origine de ses ennuis, ceux-ci ayant débuté avant les manifestations. Il a cependant couvert de nombreux sujets sensibles. Il a notamment interviewé des membres de la rébellion kurde du PKK en Irak et publié un reportage sur le Parti-Front de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), suite aux menaces que ce groupuscule terroriste avait adressées aux soldats néerlandais de l’OTAN censés sécuriser les frontières turco-syriennes.
Depuis 1995, aucun journaliste étranger n’avait subi ce traitement. Une reporter de l’agence Reuters, Aliza Markus, était passée en jugement devant une cour de sûreté de l’État pour ses dépêches sur les villages kurdes vidés par l’armée turque. Bien que la journaliste eût été acquittée, sa carte de presse n’avait pas été renouvelée, l’obligeant à quitter le territoire turc.
(Photo : Jeff Barbee / Twitter)
Publié le
Updated on
20.01.2016