La signature par le président d'une loi sur l'audiovisuel met en péril de nombreux médias

Le 4 juin 2008, le président kirghiz, Kourmanbek Bakiev, a signé une loi sur la diffusion de programmes audiovisuels. Celle-ci donne au président de la République le pouvoir de nommer le directeur exécutif de la compagnie d'Etat de télévision et de radio KTR. Elle rend également en partie obligatoire l'utilisation des langues officielles et la production de programmes par les médias eux-mêmes. Le Président a cependant demandé aux ministères de la Justice, de la Culture et de l'Information de tenir compte des réactions et propositions de la société civile. “La loi sur les médias approuvée par le président kirghiz est inquiétante. La nomination par le chef de l'Etat du directeur exécutif de la KTR ruine les efforts réalisés pour en faire une compagnie publique et non plus étatique. De plus, l'obligation de produire leurs propres programmes va mettre en danger des médias au budget limité. Nous ne comprenons pas que le Président signe une loi qu'il sait inadéquate et demande ensuite à ses ministres d'étudier les propositions de la société civile”, a déclaré Reporters sans frontières. D'après la nouvelle loi, plus de la moitié des programmes de radio et de télévision devront être réalisés dans une langue officielle (kirghiz ou russe). Plus de 50% des programmes devront également être des productions du média diffuseur et plus de 60% des productions audiovisuelles devront avoir pour auteur ou interprète, un Kirghiz. Mais la majorité des médias kirghizs n'ont pas les moyens de produire leurs propres programmes ou de les acheter à des studios de production. Actuellement, la plupart des chaînes de télévision privées rediffusent des programmes russes, kazakhs et ouzbeks. Des journalistes kirghizs, ainsi que des organisations internationales et le représentant de l'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour la liberté des médias, Miklos Harazsti, ont demandé au Président d'opposer son veto à cette loi qui met en péril la viabilité de nombreux médias . Dans un communiqué publié sur son site, le président Kourmanbek Bakiev justifie cette loi dont le but est de “réguler les relations dans la sphère médiatique kirghize. Cette loi définit les conditions judiciaires et économiques du fonctionnement des radios et télévisions.” La présidence affirme que cette loi permettra la “liberté d'expression et le droit des citoyens de recevoir des informations complètes, authentiques et efficaces”. Le 11 juin, la Cour constitutionnelle a rejeté la plainte de Och TV et Mezon TV qui demandaient que les amendements soient jugés inconstitutionnels. Ces deux chaînes de télévision émettent en langue ouzbèke dans une région proche de l'Ouzbékistan et sont fortement menacées par la nouvelle loi.
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Updated on 20.01.2016