Avec la suspension exigée d'un seul article paru sur Wikipedia, tout le site pourrait être bloqué sur le territoire russe. Il serait aberrant que l’encyclopédie collaborative soit inaccessible en Russie au motif qu’une seule page contreviendrait à la loi.
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Moscou a ordonné aux fournisseurs d'accès Internet de Wikipedia de fermer,
de facto, le site de l’encyclopédie collaborative, à la suite d'une décision prise le 24 août 2015 par l’autorité de surveillance des télécommunications russe (Roskomnadzor). Cette administration a exigé le blocage d'un article concernant du cannabis originaire d’Inde, article qui avait déjà été interdit le 25 juin dernier par décision du tribunal de Tcherny Iar, près de la ville d’Astrakhan, à plus de 1200 kilomètres au sud-est de Moscou.
La page en question enfreindrait, entre autres, l’article 46 de la loi fédérale du 8 janvier 1998, lequel interdit « la propagande pour des substances narcotiques et psychotropes ». Mais comme, techniquement, il n'est pas possible de suspendre une seule page, en raison de la forme de cryptage (HTTPS) des pages Wikipedia, c'est tout le site qui devrait alors être bloqué. Une éventualité parfaitement admise par Moscou. De fait, selon l'attaché de presse de l’autorité de surveillance des télécommunications, Vadim Ampelonsky, « le régulateur n'exclut pas que le site soit entièrement bloqué. »
« La suspension du site Wikipedia serait l'une des plus grandes atteintes à la liberté de l’information enregistrées en Russie ces dernières années, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).
Il est inconcevable qu’un site de l'importance de Wikipedia soit inaccessible en Russie au motif qu’une seule page contreviendrait à la loi. C’est une mesure vicieuse quand on sait que cette page était lue par moins de vingt personnes par jour, selon Wikipedia. Nous exhortons les autorités à trouver un compromis avec l’encyclopédie en ligne afin d’éviter un blocage totalement disproportionné ”.
Le durcissement de la législation en matière de liberté d’expression et d’information, engagé depuis 2012, se poursuit en Russie. Depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence russe, les lois liberticides et le blocage de sites d’information se sont multipliés. Les pouvoirs attribués à l’autorité de surveillance des télécommunications (Roskomnadzor) - véritable gendarme de l’information - lui permettent de
censurer sur simple demande du parquet et sans décision de justice préalable toute information indésirable.
La Russie figure au 152ème rang sur 180 du
Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.