La revue Contrapoder poursuivie en justice pour “mensonge idéologique”

Reporters sans frontières condamne la procédure pénale abusive lancée contre la revue Contrapoder pour “mensonge idéologique et matériel”. Six membres du parti Libertad Democrática Renovada (LIDER) reprochent au directeur du journal, Juan Luis Font d’avoir publié, le 21 mars dernier, un article sur le parti de Manuel Baldizón jugé diffamatoire. Après le dépôt de cette plainte, le directeur de la revue a immédiatement modifié l’article et présenté des excuses publiques pour les erreurs commises. Les six plaignants ont pourtant choisi la voie de l’aggravation portant de nouvelles accusations et les étendant à toute la rédaction du journal. Les plaignants exigent désormais de la part de Contrapoder un dédommagement à hauteur de 30 millions de quetzales (3.8 millions de dollars américains). “Ces accusations, sur un domaine relatif à l’expression de la pensée (Ley Constitucional de Emisión del Pensamiento), auraient dû être présentées devant un jury appliqué à la presse (Jurado de Imprenta). En droit guatémaltèque, la publication d’une information erronée ne saurait être sanctionné qu’au nom de la loi Constitutionnelle et ne relève en aucun cas d’un délit pénal. Les plaintes et dédommagements exigés par les plaignants, après les corrections et les excuses de Contrapoder, sont abusives et en violation claire du droit d’informer. Cet acharnement judiciaire est une tentative d’intimidation du journal qui s’apparente à une poursuite stratégique contre la mobilisation publique (SLAPP( Série de poursuites en justice intentées à un individu isolé ou un organisme de petite taille, cette pratique a pour objectif d’épuiser économiquement un ou plusieurs acteurs visés afin de les réduire au silence. Les plaignants n’ont généralement pas pour finalité de gagner le procès, mais d’entraver toute action de la défense qui pourrait entraîner une mobilisation publique ou susciter le soutien d’autres activistes et journalistes.)])”, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Reporters sans frontières exhorte les autorités à reconnaître cette aberration judiciaire tout comme la bonne foi de l’équipe de rédaction de Contrapoder en remettant cette affaire aux mains du tribunal concerné compétant. Les procedures pénales contre les médias se sont malheureusement multipliées. Le directeur du journal El Periódico, José Ruben Zamora, [en avait fait les frais en janvier 2014. Le président de la République avait poursuivi le journaliste pour diffamation, pour finalement retirer sa plainte. Le Guatemala figure à la 125e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016