La répression envers la liberté d'expression continue au nom du roi

Le 19 janvier 2009, l'auteur australien Harry Nicolaides a été condamné à trois ans de prison pour “crime de lèse-majesté”. Le 24 janvier, le ministre de la Justice, Pirapan Salirathavibhaga, a décidé de lancer une campagne destinée à éduquer les étrangers aux lois concernant la monarchie. Deux jours plus tard, le magazine britannique The Economist n'est pas distribué dans le pays.

Reporters sans frontières dénonce la censure, le 26 janvier 2009, du magazine britannique The Economist. L'édition, datée du 22 janvier, n'a pas été distribuée dans le pays en raison de la présence d'un article traitant du crime de lèse-majesté et du cas de l'auteur australien Harry Nicolaides (“The problem with Harry” : http://www.economist.com/world/asia/displaystory.cfm?story_id=12992577). Deux jours auparavant, le gouvernement avait déclaré vouloir “éduquer les étrangers au crime de lèse-majesté”. “Les informations sont de plus en plus contrôlées, dans un pays où la presse s'autocensure déjà quand il s'agit du roi. Cette censure n'a pas lieu d'être. L'article ne parle pas du roi en tant que tel mais de l'utilisation du crime de lèse-majesté par le parti majoritaire au pouvoir. Il semble que le crime de lèse-majesté étende toujours un peu plus sa compétence depuis que le nouveau gouvernement est en place”, a déclaré l'organisation. Dans cet article, qui traite de la condamnation à trois ans de prison de l'auteur australien Harry Nicolaides pour “crime de lèse-majesté”, on peut lire : “Des réflexes brutaux se font sentir, qui ne bousculent pas seulement les discussions des élites de Bangkok. La sagesse conventionnelle convient que le respect que chacun doit au roi Bhumipol, 81 ans, est intrinsèque et profond. Ce qui n'est pas le cas lorsqu'il s'agit de son héritier présomptif, le prince Vajiralongkorn. Les fervents admirateurs du Palais ont lutté pour polir son image car les bruits de couloir sur les petites manies royales n'ont jamais été aussi assourdissants.” L'édition du 4 décembre 2008 du magazine The Economist avait déjà été censurée dans le pays en raison d'un article intitulé “A Right Royal Mess” (http://www.economist.com/world/asia/displaystory.cfm?story_id=12724800), considéré comme “portant atteinte à la monarchie”. Le 24 janvier, le ministre de la Justice, Pirapan Salirathavibhaga, a décidé de lancer une campagne destinée à éduquer les étrangers aux lois concernant la monarchie, de concert avec le ministère des Affaires étrangères, incitant les ambassades thaïes à l'étranger à informer leurs visiteurs sur les sanctions prévues par les lois qui régissent la monarchie. Certains membres du gouvernement du Premier ministre Abhisit Vejjajiva ont d'ailleurs déposé une proposition d'amendement au Parlement pour allonger la peine de prison pour “crime de lèse-majesté” à 25 ans, au lieu de 15 actuellement. Par ailleurs, le 26 janvier, Suwicha Thakhor, un internaute arrêté douze jours plus tôt pour avoir posté un commentaire lié à la famille royale sur Internet, s'est vu refuser une demande de libération provisoire. Il est détenu à la prison de Klong Prem, à Bangkok, depuis le 16 janvier. Suwicha Thakor a été arrêté par le Département d'enquêtes spéciales (Department of Special Investigations, DSI), alors qu'il se trouvait chez des amis, en province. Selon les autorités, son adresse correspond à l'endroit depuis lequel des commentaires relatifs au roi et à son entourage ont été postés. Les autorités estiment que Suwicha Thakhor savait qu'il était coupable et que c'est pour cette raison qu'il ne se trouvait pas à Bangkok. Suwicha Thakhor a nié les charges portées contre lui. ------------------------ - La Thaïlande : un nouvel ennemi d'Internet ? - “Plus royaliste que le roi” : Reporters sans frontières dénonce le renforcement de la censure au nom du crime de lèse-majesté --------------------------
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Updated on 20.01.2016