La police hongroise s’en prend physiquement à des journalistes étrangers couvrant la crise des migrants
Des journalistes venus couvrir la crise des réfugiés en Hongrie ont été restreints dans leur couverture médiatique par les forces de l’ordre qui n’ont pas hésité dans certains cas à faire usage de la violence.
A trois reprises ces derniers jours, la police hongroise s’en est pris physiquement à des journalistes étrangers qui couvraient la crise des migrants à la frontière entre la Hongrie et la Serbie. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une atteinte intolérable à la liberté de la presse et demande aux autorités hongroises de garantir la sécurité des journalistes. RSF s’inquiète également des suites médicales pour les journalistes frappés et réclame que les auteurs de ces violences soient sanctionnés.
“Ces incidents sont intolérables. Les autorités hongroises doivent laisser les journalistes faire leur travail sur le terrain et empêcher la police de se livrer à ce type de violences et de menaces, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de Reporters sans frontières. Les dérapages de la police hongroise s’inscrivent dans la logique d’un pays qui s’en prend régulièrement à la liberté de la presse, notamment depuis l’adoption en 2010 de lois sur les médias reconnues par la société civile hongroise et les organisations internationales et intergouvernementales comme liberticides”.
Selon l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui appelle elle aussi le gouvernement de Viktor Orban à veiller à la sécurité des journalistes couvrant la crise, le 16 septembre, la police hongroise s’en est pris à une équipe de la Radio Télévision serbe composée du caméraman, Vladan Hadži Mijailović, du preneur de son, Miroslav Djurašinović, et de la journaliste Jovana Djurović. Cette dernière a été blessée à la main. L’incident s’est produit au point de passage de Horgoš, à la frontière entre la Hongrie et la Serbie.
Les trois membres de l’équipe ont été agressés alors qu’ils se trouvaient entre le cordon de police et un groupe de réfugiés et qu’ils étaient en train de tourner. Ils avaient fait savoir auparavant qu’ils étaient journalistes.
Toujours le 16 septembre, un journaliste de la télévision publique polonaise, Jacek Tacik, a été frappé par la police. Il a dû être soigné par des médecins hongrois pour des coups à la tête. Il a été ensuite interpellé pour avoir franchi illégalement la frontière et, selon les autorités hongroises, s’en être pris à un policier. L’incident s’est produit alors que la police repoussait des réfugiés. Des journalistes, dont Jacek Tacik, se trouvaient dans la foule à ce moment-là.
Enfin le 12 septembre, toujours selon l’OSCE, Luca Muzi, un cameraman d’Associated Press, a indiqué qu’il avait été brièvement interpellé par la police hongroise près de la ville frontalière de Roszke. Il a ajouté que la police l’avait obligé à effacer des photos qu’il avait prises d’un réfugié syrien menacé par un chien policier. Il a précisé que la police ne l’avait pas autorisé à appeler ses collègues. Les autorités hongroises contestent les accusations du journaliste.
Dunja Mijatovic, représentante de l’OSCE pour la liberté des médias, a demandé de son côté au “Premier ministre Viktor Orban d’ordonner aux forces de maintien de l’ordre de respecter le droit des journalistes à rendre compte de sujets d’intérêt public et d’assurer leur sécurité”.
En recul démocratique constant depuis l’accession au pouvoir du Fidesz, le parti de Viktor Orban, en 2010, la Hongrie est classé 65e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015. Le pays accuse une chute de 46 places en seulement quatre ans.