Le 31 juillet, les forces de police ont délogé les journalistes qui occupaient la salle de conférence de la radio-télévision d'Etat TeleRadio Moldova pour protester notamment contre une vague de licenciements « politiques ». Ce conflit intervient dans un contexte déjà difficile pour la presse du pays.
Le 31 juillet, vers 23 heures, les forces de police ont délogé les journalistes qui occupaient la salle de conférence de la radio-télévision d'Etat TeleRadio Moldova depuis le 27 juillet. Les forces de police ont prétexté une alerte à la bombe pour effectuer l'évacuation. Pourtant, selon les manifestants, pompiers et démineurs n'ont pas été appelés sur les lieux.
TeleRadio Moldova n'a rendu compte à aucun moment du conflit qui oppose sa direction à un grand nombre de ses journalistes, contrairement à l'ensemble des médias du pays. Ainsi, l'émission de débat "Arena" de la télévision publique, à laquelle devaient participer deux députés communistes, a été remplacée, le 31 juillet, par un programme musical.
Le 1er août, une manifestation a réuni environ 500 sympathisants devant le bâtiment de TeleRadio Moldova. Des auditeurs et des téléspectateurs, des hommes politiques, des journalistes ainsi que des représentants d'organisation de défense des droits de l'homme ont protesté contre la situation actuelle de TeleRadio Moldova. Les journalistes ont déclaré qu'ils poursuivraient leur action jusqu'à ce que leurs demandes soient prises en compte.
Vers 15 heures, une altercation a éclaté entre les forces de police et des manifestants. Quatre personnes ont été interpellées.
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30.07.04 - Reporters sans frontières s'inquiète d'une dégradation de la liberté de la presse
Une trentaine de journalistes occupe, depuis le 27 juillet, la salle de conférence de la télévision nationale Teleradio Moldova pour protester notamment contre le mode de sélection du personnel utilisé par leur direction. Par ailleurs, la cour de deuxième instance de Chisinau a confirmé, le 22 juillet, la condamnation de l'hebdomadaire d'opposition Timpul à des dommages et intérêts dont le montant menace la survie du journal. Enfin, le 20 juillet, le tribunal administratif de la cour d'appel de Chisinau a confirmé le refus d'accréditation de Dmitri Ciubascenco, rédacteur en chef du bihebdomadaire Moldavskie Vedomosti.
Reporters sans frontières s'inquiète d'une dégradation de la liberté de la presse en Moldavie. "Le changement de statut de la radiotélévision d'Etat, voté en décembre dernier, ne doit en aucun cas constituer un prétexte pour effectuer une sélection des journalistes selon leur obédience politique", a ajouté l'organisation.
Manifestation prolongée au siège de TeleRadio Moldova
Lors d'une conférence de presse, le 27 juillet, les journalistes de TeleRadio Moldova ont exigé le départ de leurs dirigeants et l'annulation de toutes les décisions prises récemment par cette direction, notamment concernant la sélection du personnel de la compagnie.
Ils ont ensuite manifesté devant le bâtiment de la radiotélévision nationale, puis ont occupé la salle de conférence où se déroule la commission de sélection du personnel. Cette commission doit choisir les personnes qui seront employées par l'entreprise après son changement de statut. Selon les journalistes de TeleRadio Moldova, le recrutement est dirigé par des décisions politiques et non selon des critères professionnels. Pour exemple, les membres du "comité anticensure", créé en mai 2003 par des journalistes de TeleRadio Moldova pour lutter contre les pressions exercées par la direction, n'ont pas été sélectionnés.
Les journalistes occupent la salle de conférence de Teleradio Moldova depuis le 27 juillet, date à laquelle 70 salariés de l'entreprise ont annoncé la création d'un "Comité de défense des valeurs professionnelles et humaines". 19 journalistes ont déjà été suspendus suite à cette déclaration. L'administration n'autorise plus les journalistes à entrer dans les bureaux. Une centaine de policiers et militaires armés entoure le bâtiment et a confisqué les tentes de journalistes venus exprimer leur soutien à leurs collègues.
Le conflit entre la rédaction et la direction de Teleradio Moldova a débuté, en novembre 2003, suite à l'amendement d'une loi prévoyant la liquidation de l'actuelle radiotélévision et la création d'un nouveau service public, dont les effectifs seraient réduits d'un tiers. Des craintes ont alors été formulées par les journalistes quant à l'indépendance de la télévision nationale moldave.
Cette loi prévoit pourtant la mise en place d'un Conseil de surveillance, composé de quinze membres. Mais, dans les faits, la composition du Conseil entérine la domination du pouvoir en place. Le directeur de TeleRadio Moldova, Ilie Telescu, ainsi que la grande majorité du Conseil de surveillance, sont en effet procommunistes.
Condamnation de l'hebdomadaire Timpul
Le 22 juillet, La cour deuxième instance de Chisinau a confirmé la condamnation de l'hebdomadaire d'opposition Timpul à des dommages et intérêts d'environ 130 000 euros pour diffamation à l'encontre de l'entreprise Daac-Hermes.
Le 28 avril 2004, la cour du district de Buiucani (Chisinau) condamnait le journal pour diffamation suite à un article publié le 16 janvier 2004 et intitulé "Le luxe dans le pays de la pauvreté", révélant l'existence d'un accord entre la chancellerie et Daac-Hermes portant sur l'achat de voitures de luxe.
Le 23 juin, Alina Anghel, auteur de l'article incriminé, avait été violemment agressée à Chisinau par deux inconnus alors qu'elle devait comparaître le lendemain pour cette affaire. Elle avait également reçu de nombreuses menaces téléphoniques depuis la publication de cet article.
Le rédacteur en chef de Moldavskie Vedomosti toujours privé d'accréditation
Par ailleurs, le 20 juillet, le tribunal administratif de la cour d'appel de Chisinau a rejeté la plainte déposée par Dmitri Ciubascenco, rédacteur en chef du bihebdomadaire Moldavskie Vedomosti, contre l'administration présidentielle. Le journaliste, parmi les plus reconnus du pays, est ainsi privé d'accréditation depuis le début de l'année.
Le 8 juin, les comptes en banque du journal Moldavskie Vedomosti avaient été bloqués, dans le cadre d'un procès pour diffamation l'opposant à un homme d'affaire.