La peine de huit ans et demi d'emprisonnement d'Eynulla Fatullaïev est confirmée en appel
Organisation :
Le 16 janvier 2008, le procès en appel d'Eynulla Fatullaïev, rédacteur en chef et fondateur des principaux quotidiens d'opposition Realny Azerbaijan et Gundelik Azerbaijan a confirmé la condamnation du journaliste à huit ans et demi d'emprisonnement.
“Ce verdict est une parodie de justice. La condamnation d'Eynulla Fatullaïev est avant tout politique. Nous espérons que le recours du journaliste devant la Cour européenne des droits de l'homme permettra de rétablir la vérité, “a déclaré Reporters sans frontières.
Le 30 octobre 2007, le juge Mehdi Asadov, président le tribunal des crimes graves, avait condamné Eynulla Fatullaïev à huit ans et demi de prison. Celui-ci a été reconnu coupable de "menace terroriste" (article 214.1 du code pénal), d'"évasion fiscale" (art. 213.2.2) et d'"incitation à la haine raciale" (283.2.2).
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Eynulla Fatullaïev condamné à huit ans et demi de prison : “un verdict scandaleux"
“La condamnation d'Eynulla Fatullaïev à huit ans et demi de prison, qui ne repose sur aucune preuve est purement scandaleuse. Les poursuites engagées contre lui sont politiquement motivées et marquent un tournant dangereux pour la liberté de la presse en Azerbaïdjan. Nous demandons au président Aliev de faie preuve de clémence en intervenant pour la libération du journaliste. Nos espoirs se portent également sur la Cour européenne des droits de l'homme. Nous espérons qu'elle saura rappeler aux autorités azerbaidjanaises que cette parodie de justice ne dupe personne“, a déclaré Reporters sans frontières.
“L'article pour lequel Eynulla Fatullaïev a été condamné n'est ni plus ni moins qu'une analyse de politique internationale. Les autorités l'ont exploité pour punir un journaliste trop critique à leur goût. Cette décision survient alors que la pression sur la presse indépendante n'a cessé de s'accroître, ce qui justifie clairement la 139e place de l'Azerbaïdjan dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières”, a ajouté l'organisation.
Le 30 octobre 2007, le juge Mehdi Asadov, présidant le tribunal des crimes graves, a condamné à huit ans et demi de prison le fondateur et rédacteur en chef des quotidiens les plus importants du pays Realny Azerbaijan et Gundelik Azerbaijan, Eynulla Fatullaïev. Celui-ci a été reconnu coupable de "menace de terrorisme" (article 214.1 du code pénal), d'"évasion fiscale" (art. 213.2.2) et d'"incitation à la haine raciale" (283.2.2). Cette condamnation s‘accompagne d'une amende de 200 000 manats (230 000 dollars). La cour a également ordonné la confiscation des 23 ordinateurs des quotidiens, déjà paralysés par la saisie de leur matériel en mai 2007.
Le procès qui s‘est ouvert le 10 octobre 2007, s'appuyait sur l'article "Les Aliev se préparent à la guerre", paru en mai 2007 dans Realny Azbaijan (en russe). Eynulla Fatullaïev y développait la thèse que l'Azerbaïdjan s'exposait à des représailles, dans le cas où les Etats-Unis conduiraient des opérations militaires contre Téhéran. Eynulla Fatullaïev y donnait l'exemple de cibles pouvant faire l'objet d'une attaque. L'accusation d'incitation à la haine raciale porte sur le même article, alors que le journaliste ne fait que souligner à quel point cette politique menace de raviver les tensions interethniques dans le pays.
Le 30 octobre, après la lecture du verdict, Eynulla Fatullaïev a ironiquement remercié le tribunal pour cette condamnation “trop douce”. Il a également évoqué la mémoire d'Elmar Husseynov, rédacteur en chef de l'hebdomadaire indépendant Monitor abattu le 2 mars 2005. Dans un article paru en mars dernier, Eynulla Fatullaïev accusait les autorités de faire obstruction à la l'élucidation de cette affaire. Il avait alors reçu des menaces de mort.
C'est la seconde fois que le rédacteur en chef est poursuivi et condamné cette année. En avril, il a été reconnu coupable de "diffamation" à l'encontre de l'armée suite à un article accusant les troupes azerbaïdjanaises d'être elles aussi responsables de la mort d'habitants du village de Khojali, et pas seulement les militaires arméniens, lors du conflit du Haut-Karabakh.
Depuis mai 2007, les deux quotidiens Realny Azerbaijan et Gundelik Azerbaijan sont fermés et leur matériel a été confisqué, officiellement pour infraction à la législation sur la protection contre les incendies.
Le même mois, les autorités ont déclaré qu'elles cessaient de coopérer avec Reporters sans frontières, à la suite de l'inclusion du président Ilham Aliev dans la liste des Prédateurs de la libérté de la presse. L'Azerbaïdjan a perdu quatre places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2007 et se trouve désormais au 139e rang. Sept journalistes sont emprisonnés dans le pays.
Publié le
Updated on
20.01.2016