La mainmise du Premier ministre hongrois s'étend désormais aux médias slovènes

Le paysage médiatique hongrois ne suffit plus à Viktor Orbán qui tente désormais d’étendre son contrôle aux médias étrangers des pays voisins. Trois groupes de presse hongrois, liés à des proches du Premier ministre, viennent en effet d’acquérir 45% du capital de la chaîne de télévision slovène Nova24tv. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de ces prises de participation et de leurs conséquences sur l’indépendance de la presse dans le pays.  

L’appétit de Viktor Orbán pour les médias n’a plus de frontières. Modern Media Group (MMG), Ridikul Magazin et Ripost, trois groupes de presse hongrois, viennent d'acquérir respectivement 15% des parts de la chaîne d’information slovène privée Nova24tv qui a vu son capital subitement augmenter de 800 000 euros. Derrière cette opération, se cache Arpad Habony, principal conseiller politique de Viktor Orbán qui a contribué dans le passé à la création de plusieurs groupes de presse hongrois dont le MMG, un fidèle soutien du parti au pouvoir du Premier ministre, le Fidesz. En mettant la main sur Nova24tv, Habony réussit le tour de force de contourner la loi slovène qui requiert l’accord préalable des autorités locales pour toute acquisition supérieure à 20% du capital d’une entreprise de médias.


Depuis son lancement en 2016, la chaîne d’information est considérée comme l’instrument de propagande du SDS (Parti démocratique slovène) de l’ancien Premier ministre Janez Jansa qui ne cesse de glorifier la politique de Viktor Orbán. En choisissant de soutenir financièrement le média Nova24tv, le Premier ministre hongrois fait un geste envers un de ses alliés et consolide ses soutiens dans la région.


“Cette prise de participation dans le capital de Nova24tv par l’entourage du Premier ministre hongrois, qui plus est en contournant la loi slovène, est une nouvelle preuve édifiante des tentatives d’influence de Viktor Orbán sur le contenu des médias, déclare Pauline Adès-Mevel, responsable du bureau Union européenne-Balkans de Reporters sans frontières. Son emprise s’étend désormais au-delà des frontières hongroises et fait peser une réelle menace sur l’indépendance des médias en Slovénie.”


La dérive autoritaire du gouvernement hongrois, qui a récemment adopté une loi controversée sur les universités et qui prévoit de s’en prendre aux ONG, a déclenché le plus important mouvement de protestation depuis le retour au pouvoir du Premier ministre en 2010. Les médias n’ont pas échappé à la férule du chef du Fidesz. Dernier exemple en date, la fermeture brutale du quotidien d’opposition Népszabadság en octobre 2016. La Hongrie est classée 67e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2016.

Publié le
Updated on 20.04.2017