La liberté de la presse est malmenée en province

Un journaliste a été condamné à cinq ans de prison à Lubumbashi (sud-est du pays), le 11 juillet 2003, et plusieurs autres ont été interpellés ou agressés à Tshikapa et Mbuji-Mayi (sud du pays). "Alors que la situation semble s'améliorer à Kinshasa, les journalistes sont de plus en plus soumis à la répression des autorités locales en province. Il est de la responsabilité du chef de l'Etat, Joseph Kabila, de rappeler à l'ordre les gouverneurs de province afin que les professionnels de la presse puissent travailler en toute liberté et en toute sécurité dans les régions sous contrôle gouvernemental", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a demandé au président de la République d'user de son influence afin que le journaliste condamné à cinq ans de prison à Lubumbashi ne soit pas incarcéré. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Donatien Nyembo Kimuni, correspondant à Lubumbashi (province du Katanga) de l'hebdomadaire La Tribune, a été condamné par contumace à cinq ans de prison pour diffamation par le tribunal de Likasi (120 km de Lubumbashi). Le journaliste avait publié un article intitulé "Congo Mineral : les travailleurs mal payés et exploités" dans lequel il dénonçait les mauvaises conditions de travail des employés de la société d'extraction minière Congo Mineral, dont certains seraient morts par intoxication. Selon l'avocat de Nyembo Kimuni, joint par l'organisation locale Journaliste en danger, le correspondant de La Tribune, qui habite à Lubumbashi, n'a pas pu se rendre à l'audience en raison d'affontements entre des étudiants et la police sur le campus de la ville. Un mandat d'arrêt à été délivré contre Nyembo Kimuni. Par ailleurs, deux journalistes - Lulemba bin Kiabululu, de L'Eveil, et Gustave Mpinganayi, de Radio Kilimandjaro - ont été interpellés à Tshikapa (province du Kasaï occidental) le 13 juillet. Les deux hommes ont été détenus pendant quelques heures par les forces de l'ordre en raison de leurs activités professionnelles. Enfin, Pierre Kanemo Ngongani, directeur de la Radiotélévision Debout Kasaï, a été interpellé le 21 juin à Mbuji-Mayi (province du Kasaï oriental) par des agents de l'Agence nationale de renseignements (ANR). Il était reproché au journaliste d'avoir diffusé une information favorable au Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD, mouvement rebelle basé dans l'est du pays). Joseph Kabila fait partie de la liste des 42 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde établie par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016