La justice permet la levée de la censure d'une exposition photographique

Reporters sans frontières salue la décision du gouvernement de lever l'interdiction d'accès à l'exposition Crossfire organisée par la galerie Drik. Les avocats du gouvernement ont confirmé, le 31 mars 2010, à la Haute Cour qui avait été saisie de cette affaire, que les policiers ne bloqueraient plus l'accès du bâtiment. "C'est une victoire sur plusieurs fronts : le droit de savoir pour le peuple bangladeshi, le droit de parole des médias et des artistes, et le droit des citoyens de protester contre l'injustice. Tous ces droits sont très importants. Et le fait que la justice se prononce contre le gouvernement a redonné de l'espoir aux citoyens qui luttent pour établir l'Etat de droit", a déclaré Shahidul Alam à Reporters sans frontières. ______________________________________________________________ 30 mars 2010 Menaces de mort et censure contre les organisateurs d'une exposition photographique Reporters sans frontières appelle le Premier ministre Sheikh Hasina à lever l'interdiction de l'exposition photographique ayant pour thème les exécutions extrajudiciaires organisée par la galerie Drik à Dacca. L'organisation demande à la police d'enquêter sur les menaces de mort reçues par le fondateur de cette galerie, le célèbre photographe Shahidul Alam. "La censure de cette exposition est une grave violation de la liberté d'expression. Les menaces de mort visant notre collègue Shahidul Alam sont très inquiétantes et jettent un doute sur les possibilités de débattre librement de la question des droits de l'homme au Bangladesh. Les pratiques de certains agents des forces de sécurité déshonorent l'Etat de droit au Bangladesh, alors que les reporters qui les exposent jouent un rôle vital pour que cessent ces dérapages de la lutte contre la criminalité. Nous demandons donc au gouvernement de Sheikh Hasina de respecter ses engagements en faveur des droits de l'homme, prononcés avant l'élection", a déclaré Reporters sans frontières. La police de Dacca a fermé la galerie Drik le 22 mars 2010, juste avant l'inauguration de l'exposition "Crossfire" par Shahidul Alam, célèbre photographe et directeur de la galerie. Cette exposition présente les photos et des installations sur des exécutions extrajudiciaires par les agents du Rapid Action Bataillon (RAB). La police prétend que les victimes ont été tuées lors de tirs croisés, dans lesquels les policiers agissent en légitime défense, ou pour empêcher des évasions des criminels. Selon Human Rights Watch, cinq cents personnes ont été tuées par le RAB. "Nos avocats attendent les résultats de notre demande de levée de la censure policière", a précisé un responsable de Drik à Reporters sans frontières. Plus grave encore, Shahidul Alam a été menacé de mort les 27 et 28 mars 2010. Le photographe a reçu des "visites" d'individus qui prétendaient représenter les autorités. Le 27 mars, un homme a demandé au gardien de la galerie qui était Alam, s'il avait une famille ou des enfants, et s'il n'avait "pas peur pour sa vie". Avant de quitter les lieux, l'homme a menacé: "Shahidul va rencontrer la mort dans la rue, par balles.".Le 28 mars, l'homme est revenu accompagné, et a déclaré devant la foule que "(c'était) sur l'organisateur de cette exposition qui l'on (devait) tirer". "Ce n'est pas la première fois que nous sommes censurés. Cela nous est arrivé quand nous avons organisé une exposition sur le Tibet, mais ces menaces de mort, c'est une première inquiétante", a expliqué l'un des responsables de Drik à Reporters sans frontières. Au moins quatre journalistes ont été torturés par des hommes du RAB depuis 2007. Informations sur ces cas : http://www.rsf.org/Un-journaliste-de-New-Age-torture.html et http://www.rsf.org/Le-gouvernement-doit-s-expliquer.html
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Updated on 20.01.2016