La femme de Raúl Rivero dénonce "un changement" dans le traitement réservé à son mari emprisonné et lance un appel à la communauté internationale

Trois jours après avoir dénoncé les "humiliations" dont son mari est victime en prison, Blanca Reyes lance un appel à la communauté internationale pour réclamer la libération de Raúl Rivero. Le journaliste et poète a été privé de visite et de médicaments. "Les autorités veulent détruire ceux dont le seul tort est de penser différemment", a dénoncé Reporters sans frontières.

Le 30 août, Blanca Reyes a lancé un appel à la communauté internationale pour demander la libération de son époux, Raúl Rivero. "Nous demandons à tous les écrivains, artistes, journalistes, scientifiques, hommes politiques (...)de s'unir à notre appel à la libération de Raúl Rivero", a déclaré la femme du journaliste qui dénonce "les tortures psychologiques et les humiliations auxquelles est soumis (son époux)."
------------------------------------------------------------------------- 27.08.2004 - La femme de Raúl Rivero dénonce "un changement" dans le traitement réservé à son mari emprisonné
Ce 27 août, jointe au téléphone par Reporters sans frontières, Blanca Reyes, l'épouse du journaliste et poète Raúl Rivero, s'est inquiétée d'un "changement d'attitude" des autorités carcérales à l'égard de son mari. "Ils tentent de l'humilier pour le casser", a-t-elle expliqué. "Je ne comprends pas. Raúl est un homme de paix. Au sein même de la prison, il lui arrive d'intervenir auprès des autres détenus politiques pour calmer les tensions. Je ne veux pas croire que le gouvernement est derrière tout ça", s'est-elle indignée. Raúl Rivero a été arrêté le 20 mars 2003 et condamné à 20 ans de prison pour ses écrits. Il est depuis détenu à la prison de Canaleta, près de Ciego de Avila (430 kilomètres de La Havane). "A Cuba, les journalistes vivent une double injustice : celle d'être incarcérés pour avoir exercé leur métier et celle d'être détenus dans des conditions déplorables, soumis à un harcèlement constant. A travers des vexations et des humiliations, les autorités veulent détruire ceux dont le seul tort est de penser différemment", a rappelé Reporters sans frontières, qui réclame la libération immédiate des journalistes détenus sur l'île. Avec 26 journalistes emprisonnés, Cuba est la deuxième plus grande prison du monde pour la profession après la Chine (27). 25 d'entre eux ont été arrêtés en même temps qu'une cinquantaine de dissidents en mars 2003, lors du "printemps noir" cubain. Ils ont été condamnés à des peines allant de 14 à 27 ans de prison. Le président Fidel Castro fait partie de la liste des 38 prédateurs de la liberté de la presse dressée par Reporters sans frontières. Raúl Rivero, privé de visite et de médicaments
Le 26 août 2004, Raúl Rivero a rapporté par téléphone à sa femme avoir récemment eu une violente discussion avec l'un de ses gardiens, un dénommé "Alexei", au sujet de ses conditions de détention. Les autorités de la prison ont alors annoncé au journaliste qu'il serait placé au cachot pendant cinq jours avant de commuer la sanction en suppression de sa prochaine visite conjugale, prévue le 11 septembre. Blanca Reyes explique que, lors de sa dernière visite, le 19 août, elle a été contrainte, pour la première fois, d'attendre quatre heures avant de pouvoir retrouver son mari. Pour la première fois aussi, le Dr. Asdrubal, médecin-chef de la prison, l'a prévenue que les médicaments qu'elle avait apportés ne seraient pas transmis à son mari. Raúl Rivero souffre de problèmes de circulation sanguine et d'un emphysème pulmonaire. Depuis plusieurs mois, les autorités carcérales refusent également de lui transmettre une paire de lunettes de soleil alors que la forte luminosité de sa cellule a provoqué une dégradation de sa vue. Pour Blanca Reyes, ce changement d'attitude remonte au mois de mai dernier. Déjà, le 1er juillet, elle avait dénoncé le harcèlement dont Raúl Rivero était victime de la part du dénommé "Alexei". "Il encourage les prisonniers de droit commun à m'ignorer, et menace de les sanctionner s'ils ne le font pas", lui avait dit son mari. Une semaine plus tard, il lui annonçait que ce harcèlement avait cessé. Mais il précisait qu'il ne pouvait toujours pas correspondre avec sa femme. Un harcèlement constant
Les dernières informations collectées par Reporters sans frontières montrent que la majorité des 26 journalistes emprisonnés souffrent également de harcèlement et que leur état de santé est préoccupant, voire grave. Le 24 août 2004, Nancy Alfaya a annoncé que son mari, Jorge Olivera Castillo, a été transféré de l'hôpital de Guantanamo à l'infirmerie de la prison d'Aguica (province de Matanzas), qui ne compte ni médecin, ni médicament. Il est prévu que le journaliste intègre l'hôpital de Colón dont la réputation est, selon elle, très mauvaise. Son époux souffre de graves problèmes gastriques et de troubles de la vue. Le 19 août, la soeur de Fabio Prieto Llorente a annoncé que le journaliste emprisonné menait une grève de la faim depuis huit jours pour protester contre son transfert avec des prisonniers de droit commun. Ces derniers sont régulièrement manipulés par les autorités carcérales qui, contre faveurs, exigent d'eux de harceler les prisonniers politiques. Le 13 août, lors de leur visite trimestrielle, les proches d'Omar Moisés Ruiz Hernández ne sont autorisés à lui remettre ni médicaments, ni lettres, ni magazines. Ils rapportent que le journaliste n'a pas accès au traitement que nécessite son hypertension artérielle. Le même jour, on apprend que Normando Hernández González n'a pas pu recevoir la visite de sa femme. Les autorités de la prison ont décrété, sans donner d'explication, que les visites étaient suspendues jusqu'à nouvel ordre. Le 11 août, Juan Carlos Herrera Acosta a cessé sa grève de la faim entamée le 26 juillet pour protester contre ses conditions de détention. Le même jour, il est transféré de la prison "Kilo 7" à la prison " Kilo 8" de Camagüey. Selon sa mère, il a été frappé par les gardiens dès son arrivée dans le nouveau centre de détention. Début août, la femme d'Alfredo Felipe Fuentes a rapporté que ce dernier avait perdu 10 kilos et qu'elle était inquiète de la mauvaise alimentation, de l'isolement et de l'état de la cellule. Le journaliste n'est autorisé à sortir qu'une heure par jour. Il souffre d'hypertension artérielle et de sacrolombalgie (douleurs au dos).
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Updated on 20.01.2016