La dirigeante de RT et Sputnik, Margarita Simonian, tombe le masque en faisant l’apologie de la répression au Bélarus

La “rédactrice en chef” des médias d'État russes Rossia Segodnia, RT et Sputnik a publiquement félicité le président Alexandre Loukachenko après le détournement d’un avion et l’arrestation du journaliste Raman Pratassevitch. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des propos qui reviennent à soutenir ouvertement la répression du régime biélorusse contre la presse indépendante.

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Après le détournement de l’avion Ryanair ayant permis l’arrestation du journaliste biélorusse Raman Pratassevitch, le 23 mai, la “rédactrice en chef” des médias d’État russes Rossia Segodnia, Sputnik et RT (ex-Russia Today), Margarita Simonian, a fait part sur Twitter de son admiration pour l’État du Bélarus et a félicité son président, Alexandre Loukachenko : “Je n’aurais jamais pensé que j’envierais un jour les Biélorusses. Mais désormais je suis en quelque sorte jalouse. Batka (surnom de Loukachenko, “le père” en biélorusse) a réalisé une belle performance.”


“Tenir de tels propos revient à l’évidence à saluer la répression envers les journalistes biélorusses, ce qui est extrêmement choquant de la part d’une personne qui invoque souvent la liberté de la presse quand il s’agit de défendre les intérêts des médias qu’elle dirige, observe le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. La Charte de déontologie de Munich prévoit dès son article 2 que les journalistes doivent “défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique”, et Margarita Simonian fait tout le contraire, ce qui en dit long sur sa conception de la liberté. En interpellant Raman Pratassevitch, les autorités biélorusses ont violé le droit international et la liberté de la presse, qu’elles piétinent au demeurant tous les jours avec une grande férocité. Au surplus, la vidéo dans laquelle le journaliste s’exprime le visage tuméfié laisse penser qu’il a très certainement été frappé, voire torturé.”


À la tête de RT depuis 2005 et du groupe de médias d’État “Rossia Segodnia”, qui chapeaute entre autres le réseau Sputnik, Margarita Simonian est l’un des piliers de la propagande russe et n’hésite pas à attaquer et menacer les journalistes indépendants. Lors d’un débat télévisé en février dernier, elle a déclaré que les médias indépendants en Russie étaient à la solde des services de renseignements américains et qu’ils “seront jugés pour espionnage et trahison”.


Le média qu’elle dirige n’a pas hésité à soutenir l’audiovisuel d’État biélorusse pendant la grève d’août 2020. Appelés par Alexandre Loukachenko, des “spécialistes russes” de RT ont débarqué à Minsk pour pallier à l’arrêt de travail et au départ de centaines d'employés de la radio et télévision publique du Bélarus, la Belteleradiocompany (BT), en soutien aux manifestations contre les résultats frauduleux du scrutin présidentiel. “Vous avez été important pour nous pendant cette période difficile” a déclaré a posteriori le directeur de la chaîne Belarus 1 en remerciant le correspondant de RT Konstantine Pridybaïlo.


Aujourd’hui, les émissions d’information phares de la chaîne Belarus 1 ont adopté un style et une rhétorique similaires aux journaux télévisés “Vremia” et “Vesti” des chaînes publiques russes, invitant les mêmes experts sur leurs plateaux, note le journal russe indépendant Novaïa Gazeta.


Le Bélarus a perdu 5 places (158e sur 180) au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.

Publié le
Updated on 02.06.2021