La Cour suprême confirme la peine de 20 ans de prison infligée à Perwiz Kambakhsh : Reporters sans frontières demande la grâce du président Hamid Karzaï
Reporters sans frontières est affligée d'apprendre que la Cour suprême a confirmé, sans même avoir entendu la défense, la peine de vingt ans de prison à l'encontre du journaliste Sayed Perwiz Kambakhsh. L'organisation appelle solennellement le président Hamid Karzaï à user de son droit de grâce pour faire libérer Perwiz Kambakhsh au plus vite.
Reporters sans frontières est affligée d'apprendre que la Cour suprême d'Afghanistan a confirmé, sans même avoir entendu la défense, la peine de vingt ans de prison à l'encontre du journaliste Sayed Perwiz Kambakhsh. Son avocat a été informé de ce verdict alors qu'il allait justement apporter sa lettre de défense.
"A aucun moment, le système judiciaire afghan n'aura été capable d'assurer la régularité de la procédure. Après le procès en première instance tenu à huis clos et sans avocat, après les errements de la cour d'appel, la Cour suprême confirme une peine très lourde sans même avoir entendu les arguments de la défense. On ne peut que s'étonner que la Cour suprême n'ait pas cassé le verdict du procès en appel, alors qu'aucun témoin cité par l'accusation n'avait été capable d'affirmer qu'il avait reçu le document prétendument blasphématoire des mains de Perwiz Kambakhsh. Un camarade d'université de Perwiz, qui l'avait affirmé lors du procès en première instance, est depuis revenu sur ses propos, reconnaissant avoir subi des pressions", a affirmé l'organisation.
"Nous craignions aujourd'hui que Perwiz Kambakhsh ne soit transféré dans la prison de Pul-e-Charkhi ou celle de Mazar-i-Charif, où sa vie serait en danger ", a ajouté l'organisation.
Reporters sans frontières appelle solennellement le président Hamid Karzaï à user de son droit de grâce pour faire libérer Perwiz Kambakhsh au plus vite. Le chef de l'Etat a promis à plusieurs chefs de gouvernement que le jeune journaliste serait libéré.
L'avocat de Perwiz Kambakhsh, Mohamad Afzal Nuristani, a affirmé à Reporters sans frontières: "Je me suis rendu à la Cour suprême pour déposer le dossier de la défense. Là-bas, j'ai été informé que la Cour avait décidé de confirmer la peine de vingt ans de prison il y a déjà un mois et que le dossier avait été transmis au procureur. Comment peuvent-ils prendre une telle décision sans même attendre que la défense donne son avis sur cette affaire ? (...) Je vais faire appel pour obtenir la révision du dossier."
Le frère de Perwiz Kambakhsh, Yaqub Ibrahimi, lui même journaliste, a déclaré à Reporters sans frontières : "Nous pensions qu'il y aurait plus de justice dans la capitale de l'Afghanistan et même au sein de la plus haute juridiction du système judiciaire, mais cette décision prise en silence fait craindre qu'il n'y ait pas de justice du tout dans ce pays."
Perwiz Kambakhsh purge, depuis le 27 octobre 2007, une peine de vingt ans de prison à Kaboul pour avoir téléchargé un texte sur la place des femmes dans l'islam.
Pourtant, le jeune homme, que Reporters sans frontières a rencontré en prison en janvier dernier à Kaboul, ne cesse de clamer son innocence : "Depuis le début, j'ai déclaré que j'étais innocent. Selon la loi et la Constitution, je n'ai commis aucun délit. Les deux tribunaux n'ont pas prouvé ma culpabilité et j'ai été condamné seulement à cause des pressions de certaines personnes, et non pas en vertu de la loi."
Sayed Perwiz Kambakhsh, étudiant en journalisme à l'université de Balkh et reporter pour le journal Jahan-e-Naw ("Le Monde nouveau"), a été arrêté, le 27 octobre 2007, pour "blasphème et diffusion de propos diffamatoires à l'encontre de l'islam". Sous la pression répétée du Conseil des mollahs et des autorités locales, ce journaliste de 23 ans avait été condamné à la peine de mort, le 22 janvier 2008, à l'issue d'un procès devant un tribunal de Mazar-i-Charif. Il avait été torturé par les forces de sécurité pour lui faire avouer son crime.