L’assassinat d’un vendeur de journaux kurdes ravive le souvenir des années noires en Turquie
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Reporters sans frontières condamne fermement l’assassinat du distributeur de journaux, Kadri Bagdu, survenu le 14 octobre 2014 à Seyhan, dans la région d’Adana (Sud).
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L’assassinat ciblé de Kadri Bagdu évoque les heures les plus sombres de la récente histoire turque. Le vendeur de journaux âgé de 46 ans était en train de distribuer les quotidiens kurdes Azadiya Welat et Özgür Gündem dans le quartier Sakir Pasa de Seyhan, lorsque deux individus à moto ont tiré sur lui avant de prendre la fuite. Atteint de cinq balles, dont une à la tête, il a succombé à ses blessures quelques heures plus tard.
Employé de la société de presse Firat, Kadri Bagdu travaillait depuis 17 ans dans ce secteur. La nouvelle de son décès est tombée au moment où le représentant de Reporters sans frontières en Turquie, Erol Önderoglu, était en ligne avec la responsable de Firat, Hediye Özbay. Cet assassinat intervient au terme d’une semaine marquée par les émeutes les plus violentes depuis 30 ans en Turquie.
“Nous adressons nos sincères condoléances aux proches et aux collègues de Kadri Bagdu, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières. Une enquête complète et impartiale doit être diligentée pour identifier au plus vite les tireurs et leurs éventuels commanditaires. Nous en appelons aux autorités et à toutes les parties prenantes pour enrayer la montée des tensions et éviter qu’à cet assassinat ciblé ne succède une nouvelle spirale de violence.”
La chute annoncée de Kobane, troisième ville kurde de Syrie, électrise la Turquie et met en péril le processus de paix entre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan et le PKK. Les manifestations pro-kurdes, islamistes et nationalistes ont dégénéré en affrontements qui ont fait plus de 35 morts à travers le pays depuis le 7 octobre.
Dans les années 1990, au plus fort des affrontements entre l’armée turque et le PKK, une vingtaine de journalistes pro-kurdes ont été assassinés. L’impunité subsiste dans la quasi-totalité des cas. L’ouverture des négociations de paix entre le gouvernement et le PKK, en mars 2013, suscite l’espoir de mettre fin à ce conflit qui a fait plus de 40 000 morts et des millions de déplacés depuis 1984.
Erol Önderoglu prendra part au point de presse qui est organisé à l'appel des médias kurdes le 15 octobre à midi, devant les locaux d’Özgür Gündem à Istanbul, pour protester contre l’assassinat de Kadri Bagdu.
(Photo: Evrensel)
Publié le
Updated on
20.01.2016