L’Arabie saoudite prend la présidence du G20 alors que 32 journalistes sont arbitrairement détenus dans le Royaume

L’Arabie Saoudite a officiellement pris la présidence du G20 ce dimanche 1er décembre tout en poursuivant sa politique répressive à l’encontre des journalistes, comme en témoigne la dernière vague d’arrestations la semaine dernière.

L’Arabie saoudite vient de prendre la présidence du G20 sans tirer les leçons de l’affaire Jamal Khashoggi. Un peu plus d’un an après l’assassinat de Jamal Khashoggi les autorités persistent à violer  les droits des journalistes, comme l’a prouvé la récente vague d’arrestations entre le 16 et le 21 novembre 2019. La totalité des neuf personnes placées en état d’arrestation, dont sept journalistes et écrivains, a été libérée. Néanmoins, ces journalistes, soumis à un interrogatoire en règle, n’ont obtenu leur libération qu’après avoir signé une promesse écrite de ne plus “interférer dans des problèmes avec lesquels ils n’ont pas de relation”. Autant dire qu’ils ont été forcés à un engagement léonin : renoncer à leur droit fondamental à la liberté d’expression. 

La présidence saoudienne du G20 ne doit pas faire oublier qu’au moins 32 journalistes sont encore détenus en Arabie saoudite pour des motifs arbitraires, rappelle Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). Nous n’accepterons pas que l’apparat diplomatique international occulte la réalité du régime de répression. Ironiquement, ce chiffre de 32 journalistes fait écho à celui des 32 pays d’origine des intervenants que vantent les organisateurs du forum sur les médias organisé en ce moment.

Le Royaume a inauguré ce lundi la première édition d’un forum sur les médias de deux jours, censé mener une réflexion sur les défis à venir de la presse et des médias et leur rôle dans le contexte actuel. Il promet “un millier de journalistes et d’experts venus de 32 pays” et “vingt conférences par jour entre le 2 et le 3 décembre”. A l’issue du forum, plusieurs titres seront décernés pour récompenser la créativité et l’innovation dans six catégories : prix de la meilleure production écrite, prix de la meilleure production visuelle, prix de la meilleure production audio, prix de la meilleure application pour smartphones, prix de l’innovation et prix de la personnalité médiatique. Ce forum aurait pu être le lieu d’avancées concrètes en matière de liberté de la presse, malheureusement il s’agit d’une occasion manquée supplémentaire.

L’Arabie saoudite figure sur le podium des trois plus grandes prisons du monde pour les journalistes, avec la Chine et l’Egypte. Au Classement mondial pour la liberté de la presse de 2019, le Royaume occupe la 172e place sur un total de 180 pays.

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Mise à jour le 03.12.2019