L'état-major des armées françaises relance une polémique nauséabonde sur les journalistes enlevés en Afghanistan

Reporters sans frontières a réagi aux déclarations du général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées françaises, le 21 février 2010 lors du Grand rendez-vous Europe 1-Le Parisien/Aujourd'hui en France, concernant les deux journalistes français kidnappés en Afghanistan : « Nous sommes consternés par ce genre de propos, pour le moins déplacés. C’est la troisième fois depuis l’enlèvement de ces deux journalistes le 29 décembre 2009 que les autorités françaises relancent la polémique, alors même qu’elles ont demandé de faire preuve de discrétion et de retenue. Rappeler encore une fois que les rechercher coûte cher est irrespectueux vis à vis des familles et inutile.» Le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées françaises, a déclaré, le dimanche 21 février 2010, lors du Grand rendez-vous Europe 1-Le Parisien/Aujourd'hui en France, que "plus de 10 millions d'euros" avaient été dépensés pour rechercher les deux journalistes de France 3 enlevés fin décembre en Afghanistan. Il a lancé un appel au "sens des responsabilités des uns et des autres". "Nous avons en gros 870 millions d'euros par an de factures d'opérations extérieures, ce qui est considérable pour un pays comme la France. Nous l'alourdissons naturellement" avec ces recherches, a-t-il commenté. "Je ne vais pas remettre en cause le droit de l'expression et la liberté de la presse, mais je donne le chiffre parce que j'appelle à la responsabilité, au sens des responsabilité des uns et des autres", a-t-il déclaré au cours de l’émission. Un rédacteur et son cameraman qui travaillaient pour l'émission "Pièces à conviction" de France 3 ont été enlevés avec leurs accompagnateurs afghans le 29 décembre 2009, dans la province de Kapisa (au nord-est de Kaboul). Ils enquêtaient sur la construction d'une route dans cette même région (http://www.rsf.org/Reporters-sans-frontieres,35543.html). Reporters sans frontières rappelle que le président Nicolas Sarkozy avait déclaré que les journalistes de France 3 avaient fait preuve d’une "imprudence vraiment coupable", évoquant le fait que "il leur avait été très clairement demandé de ne pas s’aventurer ainsi parce qu’il y a des risques". Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, avait estimé, le 17 janvier 2010 dans une émission sur Europe 1, que ces journalistes faisaient "courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales". Refusant de répondre en détail à une question sur la rançon, Claude Guéant avait conclu néanmoins que "cela a évidemment un coût tout à fait considérable, je me souviens que quelques jours seulement après leur disparition on évaluait déjà ce coût à un million d’euros". http://www.rsf.org/Des-declarations-choquantes-du.html Signez la pétition de Reporters sans frontières demandant la libération des deux journalistes français kidnappés en Afghanistan, exhortant les autorités françaises à faire preuve de la retenue et de la discrétion qu’elles avaient elles-mêmes demandées : http://www.rsf.org/fr-petition36145-Appel_de_soutien_a_nos_confreres_de_France_3_enleves_en_Afghanistan.html
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Updated on 20.01.2016