Kirghizstan : Réélection sans surprise du président Bakiev dans un contexte de censure et d’autocensure

Les élections présidentielles au Kirghizstan se sont tenues le 23 juillet 2009. Avec plus de 76% des voix, selon les résultats officiels, c’est sans surprise que Kourmanbek Bakiev (photo AFP), président sortant, a été réélu à la tête du pays. Le principal candidat de l’opposition, Almazbek Atambayev n’aurait récolté que 8% des suffrages et a appelé les électeurs à manifester. L’opposition, ainsi que l’OSCE, ont dénoncé des « fraudes massives ». Reporters sans frontières déplore le manque d’indépendance des médias qui ont subi des pressions tout au long de la campagne. « Comment les 2,3 millions d’électeurs kirghizs auraient-ils pu exercer pleinement leur droit démocratique, alors qu’ils n’ont pas disposé d’une information indépendante et impartiale? Dans la mesure où les rédactions qui couvraient les activités des candidats de l’opposition étaient accusées par la Commission centrale des élections (CCE) de faire de la publicité pour eux, Kourmanbek Bakiev a occupé tout l’espace médiatique en raison de sa double qualité de président en exercice et de candidat », a déclaré Reporters sans frontières. Le Kirghizistan est situé au 111e rang du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières pour 2008. A propos du rôle des médias lors des élections kirghizes, Radmila Shekerinska, chef de la mission d'observation du Bureau des institutions démocratiques et droits de l'homme de l'OSCE, a déclaré que « Kourmanbek Bakiev a disposé d’un avantage déloyal à cause des ressources administratives dont il dispose pour manipuler l’information dans son pays, et aussi à cause de la partialité des médias en sa faveur, lors de la campagne présidentielle. Le manque d’information a largement faussé ces élections ». L’opposition, quant à elle, a dénoncé les intimidations subies par les médias lors de la campagne. Plus de 550 observateurs internationaux et 135 journalistes étrangers étaient présents lors du scrutin, qui opposait six candidats. La CCE a beaucoup tardé à communiquer les résultats, mais aucun incident majeur n’a été relevé. Les médias kirghizs les plus importants lors de la campagne, les deux chaînes de télévision Kanal 1 et Kanal 5, étaient acquises au gouvernement, Par ailleurs, trois autres chaînes de télévision, plus critiques à l’encontre du gouvernement, avaient suspendu leurs activités dès la fin du mois de juin pour cause de « congé estival ». En amont des élections, le gouvernement avait créé « Le Secrétariat », un bureau spécialement chargé de travailler avec les médias et la société civile. Sans motif valable, ce secrétariat a démis de leurs fonctions des rédacteurs en chef expérimentés comme Tamara Slascheva, à la tête du quotidien Slovo-Kyrgyzstana. Depuis son arrivée au pouvoir, lors de la « Révolution des Tulipes », en mars 2005, Kourmanbek Bakiev n’a eu de cesse d’imposer son pouvoir au détriment des libertés publiques. Par exemple, une loi de juin 2008 a renforcé le contrôle du président sur les médias. Depuis le début de l’année 2009, six journalistes ont été agressés au Kirgizstan, le plus souvent par les forces de police locales.
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Updated on 20.01.2016