Kazakhstan : vague d’arrestations de journalistes en marge des manifestations

Reporters sans frontières (RSF) condamne la vague d’arrestations de journalistes perpétrée samedi 21 mai au Kazakhstan en marge des manifestations contre la réforme agraire. L’organisation locale de défense de la liberté de la liberté d’expression Adilsoz a recensé l’arrestation de 44 journalistes. Les réseaux sociaux ont également été coupés durant plusieurs heures.

Cela fait précisément un mois qu’a commencé le mouvement de protestation contre les nouvelles lois sur la vente et la location de la terre au au Kazakhstan. Ce week-end, la couverture des évènements par les médias a pour la première fois été l’objet de répression. Dans la nuit de vendredi à samedi, les réseaux sociaux Facebook, Vkontakte, Twitter et Instagram ainsi que les messageries Viber et WhatsApp ont cessé de fonctionner. Le lendemain, une vaste campagne d’arrestations a été menée : 44 journalistes ont été interpellés et retenus à travers le pays – certains attendus à la sortie de leur domicile. La plupart a été relâchée, avec parfois un de lourdes amendes pour « trouble à l’ordre public ». Dans la région de l’Oural, le journaliste Loukpan Akhmedyarov a été condamné à une incarcération de quinze jours.


« Nous voici de nouveau face à la machine répressive en état de marche. Des interpellations ont eu lieu dans toutes les régions du pays, ce qui signifie que l’action était coordonnée, malgré le démenti du ministère de l’Intérieur. C’est une manœuvre d’intimidation caractérisée, le gouvernement craint que le mécontentement populaire prenne de l’ampleur et a décidé qu’il était temps de réduire la contestation au silence » a déclaré Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF.


Le président Noursoultan Nazerbaïev a également annoncé le cinq mai sa volonté de créer un ministère de l’Information indépendant du ministère de la Culture. Cette initiative vise avant tout à renforcer le contrôle déjà très étroit des médias et réseaux sociaux.


Parallèlement à ces évènements qui secouent le pays, la rédactrice en chef du journal d’opposition en ligne Nakanune.kz, Guzyal Baïdalinova, vient d’être condamnée à un an et demi de prison pour « diffusion d’informations mensongères ». Mme Baïdalinova a passé près de cinq mois en détention préventive. Accusée par les deux journalistes free-lance à l’origine des articles mensongers (et qui, eux, comparaissaient libres), l’intéressée dit avoir été dupée.



Le Kazakhstan occupe la 160ème place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse RSF.

Publié le
Mise à jour le 24.05.2016