Kazakhstan : des journalistes empêchés de couvrir les législatives

Des journalistes ont été entravés dans leur couverture de l’élection des députés, notamment sous prétexte de lutte contre la Covid-19. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ces obstructions et appelle les autorités kazakhes à faire toute la lumière sur ces violations.

Au moins quatre journalistes se sont vu refuser l’accès aux bureaux de vote lors des législatives au Kazakhstan du 10 janvier. Ayan Kalmourat, de Radio Azattyk (le service en langue kazakh de Radio Liberty / Radio Free Europe) et Saoulé Sadyenova du média indépendant Orda.kz, ont été empêchés d’entrer sous prétexte de n’avoir pas présenté de test de dépistage Covid-19  alors qu’il n’est pas obligatoire pour les journalistes. Juste avant le début du dépouillement, le correspondant de Nacha Gazeta Gueorgui Govorov s’est pour sa part vu refuser l’accès au bureau de vote en raison d’une mesure sanitaire limitant soit-disant le nombre d’observateurs alors qu’il avait pourtant couvert le scrutin presque toute la journée.


Dans un bureau de vote de la région d’Almaty, la plus grande ville du pays, le correspondant de Radio Azattyk Asylkhan Mamashouly a signalé aux membres de la commission avoir vu des électeurs déposer deux, voire trois, bulletins dans l’urne. Après son intervention, la présidente de la commission a précisé au journaliste qu’il ne pouvait rester plus de cinq minutes sur place, la région étant située en “zone jaune” de contamination au coronavirus. 


L’obstruction à la couverture médiatique des élections met en péril la timide transition vers la liberté d’expression au Kazakhstan et la crédibilité du discours réformateur du président Kassym-Jomart Tokaïev, affirme la responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. RSF appelle les autorités à enquêter sur ces violations et à s’engager à respecter l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Kazakhstan en 2006.

 

Plusieurs journalistes de l’hebdomadaire Ouralskaya Nedela ont par ailleurs été suivis par la police le jour du scrutin et des agents ont cherché à confisquer les téléphones des journalistes de Radio Azattyk Dilara Isa et Saniya Toiken. Un policier a supprimé plusieurs vidéos enregistrées par cette dernière lors de la journée électorale à Noursoultan, la capitale du pays. 

 

En outre, des coupures internet localisées ont été signalées en marge des élections sur plusieurs districts d’Almaty, alors que des manifestations s’y déroulaient. La fondatrice du site d’information locale The Village, Aïsana Achim affirme avoir perdu toute connexion internet et mobile durant sa participation à une de ces manifestations.

 

Après 30 ans de pouvoir sans partage, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a démissionné le 20 mars 2019, cédant sa place à Kassym-Jomart Tokaïev, qui se présente comme un réformateur. Le Kazakhstan occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.

 

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Mise à jour le 15.01.2021