Journalistes et défenseurs de l'environnement en danger
Les journalistes qui dénoncent la corruption et les problèmes environnementaux aux Philippines courent de gros risquent.
Un mois après le meurtre de Gerardo Ortega, chroniqueur de la station Radio Mindanao Network (RMN) dwAR, tué pour ses révélations sur des affaires de corruption et les effets néfastes de plusieurs exploitations minières sur l’environnement de l’île de Palawan, les meurtriers courent toujours et les menaces de mort à l'encontre des journalistes et des défenseurs de l'environnement s'intensifient.
Reporters sans frontières appelle les autorités à apporter la protection nécessaire aux journalistes menacés, et les encourage à faire rapidement la lumière sur cette affaire de meurtre, afin de lever le danger qui plane sur certains d'entre eux. Il est grand temps que le gouvernement Benigno Aquino III tienne sa promesse, à la suite de son élection à la présidence en mai 2010, et rende effective la lutte contre l’impunité et l'insécurité des médias aux Philippines.
Depuis le meurtre du chroniqueur, le 24 janvier 2011, quatre suspects, simples exécutants, auraient été arrêtés, mais les commanditaires échappent toujours à la justice. Il s'agirait, d'après les révélations des hommes de main interrogés par la police, de personnes influentes telles que l’ancien gouverneur de la province de Palawan, Joel Reyes, connu pour ses liens avec des compagnies minières.
Deux autres journalistes de la province de Palawan qui, pour des raisons de sécurité, ont préféré garder l'anonymat, déclarent être directement menacés par les responsables présumés du meurtre de Gerardo Ortega.
Dans une lettre adressée récemment au National Union of Journalists of the Philippines (NUJP), trois autres journalistes rapportent être victimes de menaces de mort régulières depuis le mois de janvier 2011. George Hubierna, journaliste au People's Journal and People's Tonight basé à Manille, Nelson Bolos, journaliste chercheur pour le même journal, et Paul Gonzales, rédacteur en chef du Tarlac Headline News, ont tous trois dénoncé, dans leurs articles, une affaire de corruption sur un projet de construction d'une voie rapide dans la ville de Tarlac, située à une centaine de kilomètres de Manille. Les menaces sont directement liées à ces articles.
Nous rappelons que les Philippines, pays où de nombreux potentats locaux imposent leur loi et peuvent agir, à l'abri de toute poursuite judiciaire, a été le théâtre du pire massacre contre les professionnels de la presse en 2009. Pour la seule année 2010, quatre journalistes ont été tués.