Journalistes d’opposition et cyberdissidents sous pression à l’approche des élections législatives

A l’approche des élections législatives, prévues pour le 23 septembre 2012, les autorités ne relâchent pas la pression sur les journalistes indépendants et les milieux proches de l’opposition. “Fidèles à leur habitude, les autorités ‘préparent’ les élections par une répression tous azimuts. Le harcèlement judiciaire auquel font face journalistes et internautes critiques du régime n’a qu’un objectif : les maintenir sous pression et les intimider en plaçant une épée de Damoclès en permanence au-dessus de leurs têtes. L’appel au boycott des élections, lancé par certaines personnalités de l’opposition, a rejoint la longue liste des sujets tabous : quiconque le relaie, comme les groupes d’opposition sur les réseaux sociaux, est immédiatement sanctionné. Dans un tel paysage médiatique, il est hélas illusoire de parler d’élections libres”, a déclaré Reporters sans frontières. L’organisation de défense des droits de l’homme Viasna a rapporté, le 31 août, que l’opérateur de téléphonie mobile BelCel avait bloqué l’accès aux sites d’information Charter97 et BelPartizan, proches de l’opposition. Malgré un pluralisme de façade, la Commission électorale centrale a censuré de nombreux discours électoraux à la télévision publique, notamment ceux du Parti civil uni, comprenant des appels au boycott ainsi que des références à la situation des prisonniers politiques ou à la grave crise socio-économique que traverse le pays. Peu de candidats se sont montrés prêts à participer à des débats télévisés, présentés comme une importante innovation de cette campagne électorale. L’Association des journalistes bélarusses (BAJ), partenaire de Reporters sans frontières, présentera demain, 4 septembre 2012, les résultats préliminaires du monitoring de la campagne électorale mené par l’organisation du 20 au 31 août. Le 30 août 2012, le KGB a interpellé au moins quatre modérateurs présumés de deux groupes du réseau social russe VKontakte favorables à l’opposition et dénommés “Nous en avons assez de ce Loukachenko” et “Seulement SHOS”. Les agents du KGB les ont interrogés, et dans certains cas frappés, pour obtenir les mots de passe des deux groupes. Leurs appartements ont été fouillés et leurs ordinateurs portables confisqués. Un cinquième activiste, Syarhei Biaspalau, est parvenu à s’enfuir et a annoncé le lendemain qu’il se trouvait à l’étranger. Le 31 août 2012, Pavel Yeutsikhiyeu, l’un des modérateurs du groupe “Nous en avons assez de ce Loukachenko”, a été condamné à cinq jours de prison pour “perturbation de l’ordre public”, par le tribunal du district Kastrychnitski de Minsk. Il avait été arrêté chez lui puis interrogé en présence de sa mère. Andrey Tkachou, administrateur du groupe “Seulement SHOS”, a lui été condamné à sept jours de prison en vertu des mêmes charges. Raman Pratasevich, âgé de 17 ans, a été relâché, les mineurs ne pouvant être condamnés au civil selon la loi bélarusse. Aleh Shramuk, interpellé à Vitebsk (nord-est du pays), a lui aussi été remis en liberté, tard dans la nuit, après un long interrogatoire concernant ses activités en ligne. Les autorités bélarusses ont réussi à pirater les deux groupes de discussion, qui totalisent 52 000 membres, et ainsi obtenir le nom de leurs modérateurs et administrateurs présumés. Une grande partie des contenus de ces groupes ont été supprimés, tout comme cela avait été le cas pour le groupe “Révolution à travers les réseaux sociaux” en 2011. Remis en liberté conditionnelle le 30 juin 2012, le journaliste Andreï Pachobut fait toujours l’objet d’une enquête pour “diffamation envers le Président de la République”. Une commission spéciale a même été formée au sein du Bureau d’enquête de la région de Hrodna (Ouest) pour suivre ce dossier. Son porte-parole, Syarhey Sharshnevich, a annoncé le 29 août que les investigations étaient prolongées jusqu’au 21 septembre. Condamné l’an dernier à trois ans de prison avec sursis sur un chef d’inculpation similaire, le correspondant du journal polonais Gazeta Wyborcza risque aujourd’hui jusqu’à cinq ans de privation de liberté. Le jeune blogueur Anton Surapin, remis en liberté le 17 août 2012 après un mois d’emprisonnement arbitraire, est toujours assigné à résidence. Il reste poursuivi pour complicité de “franchissement illégal de la frontière”. (Photo: http://bymedia.net/)
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Updated on 20.01.2016