Journalistes condamnés à mort au Yémen : “un jugement inacceptable et digne d’une autre époque”

Quatre journalistes yéménites détenus depuis 2015 par les Houthis peuvent être exécutés à tout moment depuis leur condamnation, samedi 11 avril. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette décision et appelle à leur libération immédiate.

Ni leur avocat, ni leurs proches n’avaient été prévenus du jugement. Un tribunal houthi a décidé, le 11 avril, de condamner à mort quatre journalistes sur dix jugés ce jour-là pour espionnage au profit de l’Arabie saoudite. Détenus depuis 2015, Abdul Khaleq Amran, Akram Al-Walidi, Hareth Hamed et Tawfiq Al-Mansouri ont écopé de la peine maximale. Le tribunal a arbitrairement établi que ces derniers étaient coupables d’avoir “créé et tenu plusieurs sites et pages sur Internet et les réseaux sociaux” dans l’intention de “diffuser des informations et des rumeurs fausses et malveillantes”. 


Ce jugement totalement inacceptable et digne d’une autre époque doit être annulé au plus vite, déclare Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières. Ces condamnations à mort montrent non seulement le caractère répressif systématique des rebelles houthis à l’égard des journalistes, mais aussi leur volonté de se servir de ce procès expéditif pour régler leurs comptes avec tous les médias critiques. Rien ne justifie cette condamnation, ni même le maintien en détention arbitraire depuis 2015 de dix journalistes qui doivent être libérés”. 


Ces quatre personnes étaient jugées en même temps que six autres journalistes, également emprisonnés depuis 2015 : Esam Belghaith, Hassan Annab, Hisham Tarmoum, Hisham Al-Yousfi, Haitham Al-Shehab et Salah Al-Qaedi. Tous travaillaient pour des médias considérés comme proches du parti Islah, lié au Frères musulmans, qui avait exprimé en 2015 son soutien pour le gouvernement reconnu par la communauté internationale et pour l’intervention de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Les Houthis affirment avoir découvert dans leurs appareils électroniques des plans détaillés d’opérations militaires.


Le Yémen occupe la 167e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 14.04.2020