Journaliste au Yémen : un métier dangereux

Lire en arabe (بالعربية) Reporters sans frontières s’alarme du nombre croissant d’agressions visant des professionnels des médias. Le représentant d’une chaîne de télévision internationale, joint au téléphone par l’organisation, a déclaré être très inquiet des menaces qui pèsent actuellement sur les journalistes. Sous le régime du président déchu Ali Abdallah Saleh, les médias redoutaient principalement la réaction des autorités. Désormais, ils doivent aussi, d’après lui, craindre les différents mouvements insurectionnels armés qui se sont développés dans tout le pays. Une équipe de journalistes d’Al-Jazeera s’est retrouvée encerclée par des dizaines de personnes à Aden, le 27 avril dernier, alors qu’elle filmait des manifestations commémorant le dix-neuvième anniversaire de la guerre civile entre le nord et le sud du Yémen. Des manifestants ont alors proféré des insultes envers les journalistes et leur chaîne. Samir Al-Nemri, caméraman, et Yasser Hassan, reporter d’Al-Jazeera Net, ont été violemment battus par des membres d’un mouvement séparatiste du sud-Yémen. Le premier souffre de nombreuses contusions, alors que le deuxième a été hospitalisé suite à des fractures du visage. La journaliste Safa Karman est parvenue à prendre la fuite. Des journalistes de Sky News Arabia ont également été menacés par des hommes brandissant des couteaux. Plusieurs récentes tentatives d’assassinat sont aussi à déplorer. Correspondant pour le journal 26 Septembre, Mansoor Noor a été agressé par trois hommes armés, le 17 avril à Aden, alors qu’il se rendait à son travail. Blessé par balle, il a été transféré à l’hôpital et amputé de la jambe. Nasser Ali, journaliste à Al-Ahali, a lui aussi été blessé par une arme à feu alors qu’il couvrait des affrontements entre l’armée et des groupes tribaux, dans la ville de Rada (au sud-ouest du pays). D’autres journalistes font face quotidiennement à des pressions et des menaces. Au début du mois, Mohamed Aysh, rédacteur en chef du quotidien Al-Ula, a reçu plus d’une trentaine de messages téléphoniques le menaçant d’être exécuté ou de se voir trancher la main et la langue. Les membres des familles de journalistes sont aussi parfois victimes de menaces ou d’agressions. Le fils du reporter Mohamed Al-Hudhaifi, âgé de 13 ans, a ainsi échappé à une tentative de kidnapping dans la ville de Taiz (sud-ouest), le 21 avril dernier. Après avoir échoué dans cette entreprise, les inconnus qui le poursuivaient l’ont ensuite renversé avec leur voiture. Gravement blessé à la tête et à la jambe, il a été évacué vers un hôpital.
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Updated on 20.01.2016