Journée cruciale pour l’État de droit : la vie de Mumia Abu-Jamal suspendue à la décision de la cour fédérale de Philadelphie

Une décision cruciale attend la cour d’appel fédérale du troisième circuit de Pennsylvanie ce 9 novembre : confirmer ou non la condamnation à mort du journaliste indépendant Mumia Abu-Jamal, enfermé dans le couloir de la mort depuis 1982. Il s’agit aussi d’un moment particulièrement grave pour l’État de droit dans la “première démocratie du monde”. Reporters sans frontières, dont la représentante à Washington a rendu visite à Mumia Abu-Jamal au pénitencier de Waynesburg en août dernier, assistera à l’audience. Y sera également présente une délégation française de neuf personnes, dont cinq élus nationaux et régionaux et les co-animateurs du Collectif Unitaire National de soutien à Mumia Abu-Jamal (voir le site : http://www.mumiabujamal.net/). Plusieurs manifestations sont également prévues aujourd'hui devant les représentations diplomatiques et consulaires à Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nice, Rennes, Marseille et Toulouse. Saisie d’une requête de l’avocat de Mumia Abu-Jamal, Robert R Bryan, sur la condamnation à mort de son client, la Cour suprême fédérale a renvoyé le dossier, le 19 janvier 2010, à la cour d’appel de Philadelphie. C’est donc à cette dernière qu’il revient de déterminer si la sentence est confirmée ou appelle la tenue d’un nouveau procès. Ancien militant des Black Panthers, devenu journaliste de radio dans les années 70, Mumia Abu-Jamal, 55 ans, a été condamné à mort pour l’assassinat d’un policier, Daniel Faulkner, le 9 décembre 1981 à Philadelphie. Avant son arrestation, il était connu comme “la voix des sans-voix” grâce à ses articles dénonçant les abus et la corruption du gouvernement. Nous, Reporters sans frontières, estimons que : -Mumia Abu-Jamal n’a pas bénéficié d’un procès équitable et doit à ce titre être rejugé avec toutes les garanties d’impartialité. -La condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal ajoute au scandale d’un procès inique, le doute devant profiter à l’accusé comme dans n’importe quel État de droit. -La qualité de journaliste militant de Mumia Abu-Jamal a pesé sur sa condamnation à mort, en 1982, envers et contre les principes de liberté de conscience et de liberté d’expression consacrés par la Constitution des États-Unis d’Amérique. -La loi adoptée par l’État de Pennsylvanie en 1996 - également appelée “Loi Mumia” -, prohibant toute image et tout enregistrement sonore ou filmé d’un prisonnier condamné à mort, viole le principe de libre circulation de l’information entériné par la Constitution et la législation fédérale. -La peine de mort est incompatible avec l’État de droit et doit être abolie aux États-Unis comme partout ailleurs où elle est encore appliquée ou maintenue dans son principe. A la veille du jugement, Reporters sans frontières regrette le retrait de l’avocat de Mumia Abu-Jamal, Robert R. Bryan, de la défense et espère que le jugement ne souffrira pas de son départ.
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Updated on 20.01.2016