"Je veux savoir qui a tué mon père", implore la fille du reporter Hayatullah Khan, deux ans après son assassinat

Reporters sans frontières demande au gouvernement fédéral pakistanais, notamment à la ministre de l'Information Sherry Rehman, de rendre publics au plus vite les résultats des enquêtes sur l'assassinat de Hayatullah Khan, reporter dans les zones tribales pour les quotidiens pakistanais Nation et Ausaf et l'agence European Press Photo Agency (EPA). Son corps a été retrouvé, le 16 juin 2006, il y a deux ans, au Waziristan, après qu'il avait été kidnappé six mois plus tôt par des inconnus. "Le Pakistan s'émeut aujourd'hui de la mort de ses soldats tués par des tirs américains, mais c'est justement pour avoir évoqué les conséquences du tir d'un missile américain sur le sol pakistanais que Hayatullah Khan a été kidnappé, torturé et tué. Alors que le gouvernement précédent a sciemment refusé de faire la lumière sur l'enlèvement et l'assassinat de ce journaliste gênant, les nouvelles autorités d'Islamabad et de Peshawar doivent identifier et poursuivre les auteurs de ce crime, quels qu'ils soient. Nous demandons que justice soit rendue", a affirmé l'organisation. Fareshta Hayat, la fille du journaliste âgée de 7 ans, a déclaré à la veille du deuxième anniversaire de sa disparition: "Je veux savoir qui a tué mon père." Le jeune frère de Hayatullah Khan, Ehsanullah Khan, a précisé : "Je veux que le gouvernement protège les enfants de Hayatullah qui ont peur d'être victimes d'une nouvelle attaque après que leur mère a été tuée dans l'explosion d'une bombe." Depuis le 18 août 2006, date à laquelle le juge Mohammad Raza Khan, de Peshawar, a transmis son rapport d'enquête, les autorités n'ont engagé aucune enquête sérieuse. Une source qui a pu consulter le dossier a affirmé à Reporters sans frontières que certains éléments contenus dans le rapport du magistrat permettent d'identifier les assassins du journaliste. Les autorités ont en leur possession deux autres rapports d'enquêtes sur cette affaire. Le 5 décembre 2005, Hayatullah Khan, correspondant des quotidiens pakistanais Nation et Ausaf et photographe pour l'agence European Press Photo Agency (EPA), avait été enlevé dans la zone tribale du Nord-Waziristan. Quelques jours auparavant, le journaliste avait enquêté sur les circonstances de la mort d'un chef arabe d'Al-Qaïda, Hamza Rabia. L'armée pakistanaise avait affirmé que le djihadiste avait été tué dans une explosion accidentelle. Hayatullah Khan avait contredit l'armée en démontrant que Hamza Rabia avait été tué par un missile américain. Il appuyait ses affirmations par des photographies prises sur les lieux de l'incident. Le 16 juin 2006, le corps du reporter Hayatullah Khan avait été retrouvé près de Mir Ali dans la zone tribale du Nord-Waziristan. Il était menotté, paraissait très maigre, laissant penser qu'il avait été détenu dans des conditions très difficiles. Le 16 novembre 2007, la veuve de Hayatullah Khan, institutrice, est morte dans l'explosion d'une bombe près du mur de sa chambre à son domicile de Mir Ali, au Nord-Waziristan. Ses cinq enfants âgés de 2 à 10 ans n'avaient pas été blessés.
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Updated on 20.01.2016