James Risen ne sera pas forcé de divulger l’identité de ses sources
Actualisation - 19 décembre 2014
James Risen ne sera pas forcé de divulger l’identité de ses sources. Ainsi en a décidé la justice américaine le 16 décembre. Le journaliste sera cependant assigné à témoigner dans le cadre du procès de Jeffrey Sterling, ex-agent de la CIA accusé d’avoir transmis des informations confidentielles en violation de l’Espionnage Act.
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Communiqué de presse publié le 2 juin 2014
Pour ne pas révéler ses sources, James Risen du New York Times risque la prison
Reporters sans frontières est très inquiète de la décision du 2 juin 2014 de la Cour suprême des États-Unis, qui refuse de s’impliquer dans le cas de James Risen. Ce journaliste au New York Times est poursuivi pour ne pas avoir révélé ses sources dans le cadre du procès d’un ancien agent de la CIA, Jeffrey Sterling, accusé de lui avoir transmis des informations classifiées en violation de l’Espionnage Act. Le rejet de la Cour suprême signifie que, selon la dernière décision de justice prise par une cour d’appel à Richmond (Virginie) le 19 juillet 2013, le journaliste risque une peine de prison s’il ne révèle pas ses sources.
James Risen a déjà répété qu’il protégerait ses sources et ne témoignerait pas. “Je continuerai à me battre”, nous a-t-il assuré. L’avocat du journaliste, Joel Kurtzeberg, a déclaré à Reporters sans frontières qu’ils étaient “déçus” de la décision de la Cour suprême. “Nous ne pouvons qu’espérer que le gouvernement ne poursuivra pas James pour outrage à la justice. Tout est incertain désormais, il ne nous reste qu’à attendre”, a-t-il ajouté. Le 27 mai dernier, le procureur général Eric H. Holder Jr. aurait annoncé que tant qu’il serait procureur général, “aucun reporter qui fait son travail n’irait en prison”.
Si James Risen venait à être incarcéré, ce serait un dangereux effet de dissuasion pour les donneurs d’alertes. Le journalisme d’investigation ne serait pas possible sans fuite d’information, tout particulièrement aux États-Unis ou pratiquement toutes les informations relatives à la sécurité nationale sont considérées confidentielles.
“Obliger James Risen à témoigner reviendrait à une grave violation du secret des sources, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Le travail rigoureux d'un journaliste lauréat du Prix Pulitzer lui vaudrait-il une peine de prison? Cette décision ferait passer les journalistes qui enquêtent sur des sujets dits ‘de sécurité nationale’ pour des criminels, et son cas risquerait de faire jurisprudence.”
Lors d’une conférence de presse organisée par Reporters sans frontières au National Press Club à Washington D.C. le 11 février 2014, James Risen estimait que, de toute l’histoire américaine moderne, le gouvernement de Barack Obama est le plus avide de contrôler l’information diffusée au public: “C’est un État orwellien se proclamant le plus transparent”. Reporters sans frontières dénonce régulièrement cet acharnement contre les lanceurs d’alertes comme Edward Snowden ou Chelsea Manning (anciennement connu sous le nom de Bradley Manning). Huit lanceurs d’alertes ont été poursuivis sous l'Espionnage Act depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, contre trois sous les précédentes administrations.
À ce jour, la proposition de loi fédérale sur la protection des sources en préparation au Sénat n’offre aucune protection en matière d’investigation journalistique liée à la “sécurité nationale”. Une “loi bouclier” exhaustive au niveau fédéral reste cependant primordiale pour garantir une protection efficace du secret des sources et des lanceurs d’alertes.
Les États-Unis sont 46ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières, et ont perdu 13 places par rapport à l’édition 2013.