Intimidations des services de la sécurité nationale contre le rédacteur en chef d'un hebdomadaire pour lui faire révéler ses sources

Reporters sans frontières dénonce les intimidations dont le journaliste Ramazan Eserguepov a été victime, le conduisant à se réfugier au consulat des Etats-Unis d'Almaty. “Les pressions exercées contre Ramazan Eserguepov sont totalement disproportionnées. Il appartient au KNB d'identifier dans ses propres rangs l'origine de la fuite. En revanche, le journaliste n'a pas à en répondre. Le secret de sources est l'un des fondements du journalisme d'investigation, il est primordial de le protéger”, a déclaré Reporters sans frontières. “Par ailleurs, nous appelons les forces de police et les responsables du KNB à s'assurer que les intimidations contre le journaliste cessent. Le Kazakhstan doit prendre en 2010 la présidence de l'OSCE et ces méthodes ne sont pas dignes des valeurs défendues par cette organisation”, a poursuivi l'organisation de défense de la liberté de la presse . Le 29 novembre 2008, des hommes des services de la sécurité nationale kazakhe (KNB) ont perquisitionné le domicile de Ramazan Eserguepov, rédacteur en chef d'un hebdomadaire d'Almaty (ancienne capitale), Alma Ata Info, ainsi que les locaux du titre, situés dans le même bâtiment. Ils étaient à la recherche de documents leur permettant d'identifier la source ayant transmis à la rédaction un courrier interne, mentionné dans un article du 21 novembre, et intitulé “Mais qui dirige vraiment notre pays, le Président ou le KNB ?” Le journaliste a également été convoqué dans les locaux de la sécurité nationale le 1er décembre, à 11 heures, en qualité de témoin, selon le KNB. Lors de cet entretien, des membres de ce service ont tenté de le faire monter de force dans un véhicule, pour le conduire devant le responsable d'une direction régionale située à 500 kilomètres au sud-ouest d'Almaty. Le journaliste leur a échappé et s'est réfugié au consulat américain, où il a passé la nuit du 1er au 2 décembre et demandé l'asile politique. Depuis, il a dû quitter le consulat et craint pour sa sécurité. Lors de la perquisition du domicile du rédacteur en chef et de la rédaction, qui a duré seize heures, de nombreux documents, sept ordinateurs et six téléphones portables ont été saisis. Ramazan Eserguepov, lui, a dû être hospitalisé en urgence, en raison d'une crise d'hypertension artérielle. Il est sorti de l'hôpital le 30 novembre, à 17 heures. La convocation pour interrogatoire, initialement fixée à quinze heures le même jour, a été reportée au lendemain à 11 heures. Avant de s'y rendre, le journaliste a participé à une conférence de presse, en compagnie de Rozlana Taukina, présidente de l'association “Journaliste en danger”, organisation partenaire de Reporters sans frontières au Kazakhstan.
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Updated on 20.01.2016