Reporters sans frontières est très préoccupée par les pressions exercées, sous forme de menaces et de poursuites judiciaires, contre Mariano Saravia (photo). Journaliste et écrivain, ce dernier a publié un livre dénonçant les exactions commises par des policiers durant la dictature (1976-1983).
Reporters sans frontières est très préoccupée par les pressions exercées, sous forme de menaces et de poursuites judiciaires, sur Mariano Saravia. Journaliste du quotidien La Voz del Interior et écrivain à Córdoba (Centre), ce dernier a publié un livre dénonçant les exactions commises par des policiers durant la dictature (1976-1983).
« L'investigation journalistique dérange, parce qu'elle permet de faire enfin la lumière sur les années noires du régime militaire en Argentine. Nous demandons donc expressément aux autorités, qui ont le devoir de rétablir la vérité sur cette époque, de prendre les mesures qui s'imposent pour garantir la sécurité et l'indépendance des journalistes qui travaillent sur ces questions encore très sensibles », a déclaré Reporters sans frontières.
Contacté par l'organisation, Mariano Saravia a raconté être victime de menaces et « persécutions judiciaires » depuis la publication, en mars 2005, de son ouvrage La Sombra Azul (« L'ombre bleue »), produit d'une enquête sur les actions de la police pendant la dictature.
Le 23 juillet, des inconnus ont déposé devant le domicile du journaliste une dizaine de balles de calibre .45. Début août, c'est une croix gammée qui a été peinte sur les murs de sa maison. En octobre, Mariano Saravia a retrouvé, dans son garage, un oiseau mort pendu par les pattes. Le 6 novembre, un grand pot de fleurs a été fracassé dans la cour de son domicile.
Le journaliste affirme également que des véhicules suspects ont stationné, à plusieurs reprises, devant chez lui. Il continue de recevoir régulièrement des appels anonymes menaçants : insultes, silences prolongés, musiques funèbres, cris ou aboiements de chien alors que le sien venait de disparaître mystérieusement.
Mariano Saravia a également subi des pressions de la part des militaires Luis Alberto Manzanelli, Luis Gustavo Diedrich et Ricardo Lardone, cités par l'auteur dans La Sombra Azul, actuellement détenus et accusés de crimes contre l'humanité. Tous l'ont menacé par lettre d'engager contre lui des poursuites judiciaires.
Le militaire José Hugo Herrera a d'ores et déjà engagé une action civile contre le journaliste, réclamant 50 000 pesos d'indemnisation (près de 15 000 euros), pour « calomnie ». Le salaire de Mariano Saravia est retenu à hauteur de 20 % jusqu'au verdict.
Le journaliste a déclaré à Reporters sans frontières : « J'attends le procès pour pouvoir présenter les preuves de tout ce que j'avance dans mon livre. Quant aux intimidations, je crois qu'il s'agit plus d'une vengeance que de véritables menaces de mort. »