Instauration de l'état d'urgence : Reporters sans frontières exprime sa plus vive inquiétude concernant la situation de la liberté de la presse

" La population géorgienne a le droit d'être informée de ce qui se passe dans le pays. Nous appelons les autorités géorgiennes à revenir sur leur décision et à autoriser au plus vite les journalistes à travailler librement", a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse.

"Nous exprimons notre plus vive inquiétude après l'instauration de l'état d'urgence pour quinze jours. L'une des premières mesures prises par les autorités a été de suspendre tous les programmes d'information des chaînes de télévision privées et de fermer deux chaînes ayant diffusé des images des forces de l'ordre dispersant par la force des manifestants dans la capitale Tbilissi", a déclaré Reporters sans frontières. " La population géorgienne a le droit d'être informée de ce qui se passe dans le pays. Nous appelons les autorités géorgiennes à revenir sur leur décision et à autoriser au plus vite les journalistes à travailler librement", a poursuivi l'organisation de défense de la liberté de la presse. Le 7 novembre 2007, au sixième jour des manifestations de l'opposition réclamant sa démission et la tenue d'élections législatives anticipées, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a décrété l'état d‘urgence pour 15 jours et affirmé disposer de preuves démontrant que la Russie alimentait les troubles dans le pays. Le ministre du Développement, Georgy Arveladze, a annoncé la suspension de tous les programmes d'information des chaînes indépendantes. La télévision publique GPB (Georgian Public Broadcaster) est désormais la seule chaîne à donner des informations. Le même jour à 20h50, la chaîne privée Imedi - la plus populaire des trois principales chaînes privées du pays- a disparu des écrans, peu après que Giorgi Targamadze, directeur des programmes politiques, eut annoncé en direct que les forces spéciales avaient fait irruption dans les locaux. Des membres du personnel ont été contraints de se coucher au sol, leurs téléphones portables ont été saisis, certains détruits. Des policiers ont également menacé des employés de la chaîne en posant le canon de leur arme sur leur tempe. Quelques minutes plus tard, Kavkazia, la chaîne privée émettant à Tbilissi, cessait elle aussi d'émettre. Toutes deux avaient diffusé des images de l'intervention musclée des forces de police contre les manifestants. Le maire de Tbilissi, Gigi Ugulava, a déclaré que des directives seraient envoyées à chaque média dès le 8 novembre. Depuis le 2 novembre, la capitale géorgienne est le théâtre de manifestations d'ampleur. Le ministère de la Santé a annoncé que plus de 500 personnes avaient eu besoin de soins médicaux, après l'intervention, le 7 novembre, de la police. Près de 100 sont encore hospitalisées. La crise trouve son origine dans l'arrestation, le 27 septembre dernier, de l'ancien ministre de la Défense, Irakli Okrouachvili. Celui-ci avait accusé Mikhaïl Saakachvili de corruption et de vouloir éliminer l'homme d'affaires Badri Patarkatsichvili, qui contrôle la chaîne Imedi. L'ancien responsable s'est rétracté après avoir été arrêté, accusé de corruption et relâché contre une forte caution (6 millions de dollars). Il a donné, le 5 novembre, depuis Munich, une interview télévisée à Imedi, dans laquelle il a réaffirmé ses accusations.
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Updated on 20.01.2016