Indonésie : RSF condamne l'expulsion d'une journaliste qui enquêtait en Papouasie
La correspondante de la BBC en Indonésie a été expulsée ce week-end de Papouasie, officiellement pour avoir publié un tweet qui aurait "heurté les sentiments des militaires". Reporters sans frontières (RSF) appelle le pouvoir civil à Jakarta à laisser les journalistes enquêter dans cette région, qui demeure un trou noir de l'information.
“Il est intolérable que les reporters étrangers soient encore bannis de Papouasie, regrette Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. La journaliste n’a fait que relayer une photo prise sur le terrain. Cette décision arbitraire de l’armée indonésienne laisse supposer qu’elle agit comme un Etat dans l’Etat, a fortiori dès qu’il s’agit de la question papoue. Doit-on rappeler au président Joko Widodo ses promesses d’ouverture de la région aux médias ? S’il veut conserver un minimum de crédibilité, il doit apporter de sérieux gages en la matière.”
A la recherche d’un processus de pacification dans cette région travaillée par des mouvements séparatistes, le président, connu sous le surnom de “Jokowi”, avait déclaré en 2015 qu’il allait revenir sur les restrictions qui empêchent de facto aux journalistes d’enquêter en Papouasie. Trois ans plus tard, il apparaît que le travail de la presse reste plus que jamais conditionné au bon vouloir des militaires.
Le porte-parole de l’armée en Papouasie a légitimé la décision d’expulser Rebecca Henschke par le fait que les provisions présentées sur la photo n’étaient que des denrées commerciales, et non de l’aide apportée par les soldats. Ce que la journaliste australienne, en poste à Jakarta depuis 12 ans, a du reste relayé par cet autre tweet : “NOTE importante à ajouter : d’autres sources disent que ce n’est pas de l’aide mais des provisions normales. Grand effort d’assistance en cours ici.”
En raison des lourdes violations de la liberté de la presse commises dans les provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale, l’Indonésie reste à la 124ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2017.