Dans la matinée du 5 août, tous les moyens de communication de l’Etat du Jammu-et-Cachemire ont été soudainement coupés par le gouvernement central. Reporters sans frontières (RSF) demande leur rétablissement immédiat pour permettre une libre circulation de l’information durant cette période critique pour l’histoire du pays.

L’Etat du Jammu-et-Cachemire est devenu un trou noir de l’information… En l’espace d’une matinée, les services internet mobiles ont été soudainement suspendus, avant que l’ensemble des services en ligne et téléphoniques soient totalement coupées. De même, les services de télévision par câble sont inaccessibles.

 

Si la vallée du Cachemire est habituée à des coupures de l’internet, comme RSF l’a récemment documenté, ce “black-out” total a été décidée en marge de l’adoption d’un projet de loi relatif au statut du territoire, qui est adopté aujourd’hui, mardi 6 août, par la Lok Sabha, la chambre basse du parlement fédéral indien. Le texte abroge purement et simplement l’article 370 de la Constitution de 1947, qui octroyait une certaine autonomie à l’Etat du Jammu-et-Cachemire, frappé par un conflit qui en a fait l’un des territoires les plus militarisés de la planète. De fait, la population cachemirie va désormais être directement gouvernée par New Delhi.

 

Couper tout moyen de communication, c’est empêcher les journalistes de faire leur travail, mais c’est surtout empêcher les citoyens du Jammu-et-Cachemire d’avoir accès à des informations indépendantes absolument décisives dans une période aussi cruciale, remarque Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique RSF. Nous appelons le ministre de l’Intérieur, Amit Shah, à rétablir immédiatement les communications dans la vallée. Il en va de la crédibilité de la démocratie indienne et du respect de l’Etat de droit.

 

La coupure des communications au Cachemire s’est accompagnée du déploiement soudain de plus de 45.000 paramilitaires. Un reporter basé à Srinagar, la capitale, a décrit à RSF la situation en ces termes, dans l’après-midi du dimanche 4 août : “C’est comme si on était en guerre. Je crains que le gouvernement supprime tout service internet et mobile à n’importe quel moment.” Le journaliste est désormais injoignable.

 

L’Inde se situe à la 140e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.

 

 

 

 

 

 

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Mise à jour le 07.08.2019