Ilyas Aktas, journaliste bénévole au bimensuel turc d'extrême gauche Devrimci Demokrasi, a succombé à ses blessures le 14 avril 2006. Reporters sans frontières présente ses condoléances à la famille de la victime et attend du gouvernement turc que toute la lumière soit faite sur les circonstances de son décès.
Ilyas Aktas, journaliste bénévole au bimensuel turc d'extrême gauche Devrimci Demokrasi, a succombé à ses blessures le 14 avril 2006.
Son enterrement a eu lieu le lendemain, dans le village de Kirkpinar, près de Diyarbakir (sud-est du pays). Des collaborateurs du journal ainsi que plusieurs associations d'extrême gauche n'ont pas été autorisés à assister à la cérémonie.
Le jeune journaliste avait été grièvement blessé par balles le 30 mars 2006, à Diyarbakir, lors d'une manifestation en hommage à quatorze rebelles kurdes, tués quelques jours auparavant par l'armée turque. Sa mort cérébrale avait été annoncée le 9 avril.
Reporters sans frontières présente ses condoléances à la famille de la victime et attend du gouvernement turc que toute la lumière soit faite sur les circonstances de son décès.
------
12 avril 2006
Un journaliste entre la vie et la mort après l'intervention des forces de l'ordre lors d'une manifestation
Le 30 mars 2006, Ilyas Aktas, journaliste bénévole au bimensuel turc d'extrême gauche Devrimci Demokrasi (Démocratie Révolutionnaire), a été grièvement blessé par balles, à Diyarbakir (sud-est du pays), lors d'une manifestation en hommage à quatorze rebelles kurdes, tués quelques jours auparavant par l'armée turque. Il travaillait depuis deux mois comme correspondant du journal dans la région. D'après son rédacteur en chef, Erdal Guler, qui a interrogé des témoins, le jeune journaliste, présent sur les lieux pour couvrir la manifestation, aurait été touché par un tir de la police qui a ouvert le feu sur la foule. Dans deux communiqués, il a informé la presse de l'état de santé d'Ilyas Aktas, qui ne cesse de se dégrader. Le 9 avril, les médecins ont annoncé à la famille qu'il se trouvait en état de coma dépassé, autrement dit de « mort cérébrale ».
« Nous sommes extrêmement choqués par cette affaire et profondément peinés pour la famille de la victime. Nous l'encourageons à porter plainte afin qu'une enquête soit ouverte au plus vite et que l'on puisse déterminer la responsabilité exacte des forces de l'ordre dans la mort clinique du jeune Ilyas Aktas. Les autorités doivent faire la lumière sur cette affaire, dont les circonstances sont encore confuses», a déclaré Reporters sans frontières.
D'après la rédaction du Devrimci Demokrasi, contactée par Reporters sans frontières, Ilyas Aktas aurait été menacé par la police le 29 mars, alors qu'il aidait un enfant touché par une balle lors d'une manifestation. Un policier lui aurait lancé : « Nous te connaissons. Fais attention à toi. Tu verras. » Le journal a également affirmé, dans un communiqué, que la famille s'était plainte de l'indifférence des médecins vis-à-vis de leur fils, qui serait resté 24 heures sur une civière avant d'être soigné.
Le 28 mars, de violents incendies avaient éclaté à Diyarbakir, principale ville du sud-est de l'Anatolie, où les manifestations se sont multipliées après la mort de quatorze rebelles kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (Kongra-Gel, ex-PKK) tués par l'armée. Douze personnes avaient trouvé la mort dans les émeutes survenues dans cette région majoritairement kurde. Elles se sont par la suite propagées à Istanbul, faisant trois morts supplémentaires dans l'attaque d'un autobus au cocktail Molotov par des manifestants pro-PKK masqués.
Un cameraman de l'agence de presse prokurde Diha, Sakir Uygar, a également été blessé par balle le 30 mars, lors de la manifestation, à Diyarbakir, à laquelle assistait également Ilyas Aktas. Son tibia et son péroné ont été fracturés et les médecins ont dû l'opérer et placer un morceau de platine sur les parties endommagées. Dans la région, le siège du journal Batman a été pris pour cible par les manifestants lors d'incidents dans la ville qui porte le même nom (Batman). Ils ont jeté des pierres sur le bâtiment de la rédaction et cassé des vitres.
Le 8 janvier 1996, Metin Göktepe, photographe du quotidien d'extrême gauche Evrensel avait été interpellé par la police anti-émeutes à un barrage, près d'Istanbul, en revenant de l'enterrement de deux prisonniers politiques tués en prison. Arrêté au motif qu'il « parlait trop », il avait été frappé à plusieurs reprises par les policiers. Abandonné sans soins, il est mort dans l'après-midi des suites de ses blessures. Le ministère de l'Intérieur avait ouvert une enquête et quarante-huit fonctionnaires de police avaient été mis en accusation. Parmi eux, onze avaient été soupçonnés d'être directement impliqués dans la mort du journaliste. Le procès durera plusieurs années et le 20 janvier 2000, la Cour de cassation a confirmé la condamnation à sept ans et demi de prison de cinq policiers pour « homicide involontaire ».