Après les attentats du 7 janvier contre
Charlie Hebdo et ceux du 14 février à Copenhague, mais aussi face aux nombreuses démonstrations de violences
qui sont apparues en opposition au mouvement “Je suis Charlie”, Reporters sans frontières (RSF) insiste sur la nécessité de ne pas céder sur le terrain de la liberté d’expression et d’information. L’organisation appelle les journalistes, professionnels ou non, à poursuivre leurs activités d’information et souligne que ce n’est pas en restreignant leur liberté d’expression qu’ils seront mieux protégés.
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Aujourd’hui, nous encourrons deux risques. Le premier pour la liberté d’expression, celui des restrictions imposées et de l’autocensure. Le second pour la sécurité des journalistes et des dessinateurs, pour leur intégrité physique et leur vie, déclare Christophe Deloire.
Nous devons conjurer ces deux menaces, les combattre, sans que l’un de ces deux combats porte préjudice à l’autre. »
Depuis 2005 et l’affaire des caricatures du Jylland Posten, plusieurs dessinateurs vivent sous la menace constante de groupes islamistes radicaux, qui les accusent de blasphème. Mais la liberté d’expression et d’information se trouve aussi dans le viseur d’Etats, au prétexte que certains en abuseraient et attiseraient la colère en se moquant du religieux.
Une utilisation politique du religieux que Reporters sans frontières combat avec la plus grande véhémence.
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Nous vivons une époque terrifiante où des fous furieux, vous jugeant coupable de blasphème, peuvent débarquer pour vous tuer. Nous vivons une époque terrifiante où les dessinateurs sont condamnés à circuler sous protection policière, poursuit Christophe Deloire.
La prévention et la répression policière ne suffiront pas, il faut mener un combat idéologique contre tous ceux qui justifient les atteintes à la liberté d’expression. Il doit désormais y avoir une solidarité entre les pays européens et au-delà toutes les démocraties pour combattre les groupes extrémistes, naturellement, mais aussi afficher une grande fermeté face aux Etats qui propagent des idéologies extrémistes selon lesquelles le blasphème est condamnable. »
Certains gouvernements souhaitent aujourd’hui durcir leurs lois, voire faire modifier le droit international pour sanctuariser les systèmes religieux, alors même que
le délit ou le crime de blasphème est une arme pour faire taire toute critique dans certains sociétés. C’est le sens de l’action que Reporters sans frontières portera dans le cadre d’un évènement au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 10 mars 2015 autour du thème “Liberté d’expression et liberté de religion”.