Huit journalistes menacés d'arrestation suite à une plainte du mari de la présidente

José Miguel Arroyo, l'époux de la présidente de la République Gloria Macapagal-Arroyo, a déposé une série de plaintes en diffamation, un délit toujours criminalisé aux Philippines. L'émission de mandats d'arrêt, le 16 octobre 2006, contre huit journalistes du quotidien privé Malaya, est une nouvelle étape dans ce harcèlement scandaleux. "Reporters sans frontières dénonce cet acharnement de José Miguel Arroyo qui érode la liberté de la presse aux Philippines. Bien que l'époux de la chef de l'Etat ne soit dépositaire d'aucun mandat, il n'en demeure pas moins très influent dans le pays et plusieurs de ses amis ont de très hautes fonctions. Avec 43 plaintes contre des journalistes, Jose Miguel Arroyo réclame un total de 70 millions de pesos philippins (près de 1,1 million d'euros). Sous le prétexte de défendre sa renommée, il souffle un vent glacé sur la presse d'investigation et d'opinion du pays", a déclaré l'organisation. Le 16 octobre 2006, Silvino Pampilo, juge d'une cour régionale de Manille, a ordonné l'arrestation de huit journalistes de Malaya : directeur de publication Amado Macasaet, les rédacteurs Enrique Romualdez, Joy de los Reyes, Teresa Molina et Minnie Advincula, les journalistes Ellen Tordesillas, JP Lopez, Regina Bengco et l'éditorialiste Francisco Tatad. Chacun d'entre eux a dû s'acquitter d'une caution de 10 000 pesos (160 euros) pour ne pas être placé en détention. Dans un article paru le 19 mai 2004 dans Malaya, l'éditorialiste et ancien sénateur Francisco Tatad avait accusé Jose Miguel Arroyo de malversations lors de la campagne présidentielle de la même année. Reporters sans frontières s'est jointe à un récent appel d'organisations de journalistes, dont la National Union of Journalists of the Philippines (NUJP), pour dénoncer ces plaintes à répétition et demander la décriminalisation de la diffamation. Une plainte en diffamation, déposée par le gouverneur de Cavite dans la province de Luzon-Sud (Nord), avait conduit à l'arrestation, le 2 octobre 2006, de Rudy Apollo, éditorialiste et directeur des journaux locaux Asian Star Journal et Asian Star Balita. Il avait été libéré sous caution le lendemain.
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Updated on 20.01.2016