Hongrie : un des derniers médias critiques tombe sous la coupe du clan Orban
Mercredi 1er août, la chaîne d’informations hongroise - Hir TV- a été reprise en main par l’un des proches du Premier ministre et chef de file du Fidesz, Viktor Orban. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une nouvelle mainmise du pouvoir sur les médias hongrois.
Mercredi 1er août, le propriétaire de Hir TV, Lajos Simicska, ex-ami du Premier ministre, devenu aujourd’hui l’un de ses plus farouches opposants, a décidé de jeter l’éponge. Il passe la main à Zsolt Nyerges, businessman proche du Premier ministre. qui a racheté le 5 juillet le groupe de presse, dont fait partie la chaîne. Outre Hir TV, la transaction comprend un site d’actualité hongrois, un magazine politique hebdomadaire, un quotidien et une station de radio.
Le nouveau dirigeant a confirmé un virage à 180° des rédactions vers une ligne éditoriale favorable au parti au pouvoir le Fidesz. Quelques heures après l’annonce officielle de cette reprise en main, l’émission phare d’Hir TV, connue pour ses critiques du gouvernement, a été supprimée et sa présentatrice, Olga Kálmán, limogée. À la place, la chaîne a programmé la retransmission d’un discours de Viktor Orban. À l’heure actuelle, des journalistes et responsables ont déjà été licenciés, et de nombreux autres départs sont à prévoir. Nyerges a également nommé comme “conseiller médias” Gábor Liszkay, patron d’une entreprise média pro-Fidesz.
“Ce rachat par des proches du parti confirme une nouvelle fois les velléités de contrôle sur les médias de la part du gouvernement, déclare RSF. Le pouvoir piétine chaque jour davantage l’indépendance de la presse et sa possibilité d’exercer son rôle de contre-pouvoir.”
Cette nouvelle acquisition permet à Fidesz de faire basculer dans son camp un média d’opposition emblématique. Depuis quelques années, le parti national-conservateur n’a cessé d’acquérir des titres de presse afin de museler toute opposition politique. Pour éviter d’apparaître clairement à la tête des médias, Orban utilise une technique bien rodée : ses proches rachètent des médias puis redéfinissent la ligne éditoriale par le biais de censures, licenciements et fermetures. En 2016, le quotidien Népszabadság a fermé après avoir évoqué un scandale concernant le Premier ministre. En 2017, les principaux titres de presse régionale ont été rachetés par des proches d’Orban.
Depuis le retour au pouvoir de Viktor Orbán fin 2010, la Hongrie accuse un recul démocratique. Le pays est 73e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018.