Hong Kong : ouverture du procès historique de Jimmy Lai pour atteinte à la sécurité nationale, en présence d’une équipe de RSF

Une délégation de Reporters sans frontières (RSF) s'est rendue à Hong Kong pour assister à l'ouverture du procès historique pour “atteinte à la sécurité nationale” de Jimmy Lai, une figure de la liberté de la presse qui risque de passer le reste de sa vie en détention sur la base d'accusations fallacieuses.

Ce 18 décembre 2023, une délégation du Bureau Asie-Pacifique de RSF composée d'Aleksandra Bielakowska, chargée de plaidoyer, et de Shataakshi Verma, responsable de projet, a assisté à l'ouverture du procès de Jimmy Lai, au tribunal de West Kowloon. Jimmy Lai, fondateur du journal indépendant Apple Daily est accusé de collusion avec des forces étrangères sur la base de la loi draconienne sur la sécurité nationale (NSL), pour laquelle il risque la prison à vie.



Des diplomates des États-Unis, de l'Union européenne, du Royaume-Uni, de l'Australie et du Canada, ainsi que des membres de la famille de Jimmy Lai figuraient parmi la centaine de personnes présentes dans la salle d'audience. À son arrivée au tribunal, où une importante présence policière était déployée, Jimmy Lai, âgé de 76 ans, a donné l'impression d'avoir perdu du poids depuis sa dernière apparition en public en 2021. Son procès, qui a été reporté à plusieurs reprises par les autorités de Hong Kong, se déroule sans jury et doit durer 80 jours ouvrables.

RSF défend depuis longtemps Jimmy Lai et son cas est devenu emblématique non seulement de la situation à Hong Kong, mais aussi de la liberté de la presse dans le monde entier. Il était crucial d'être présent à l'ouverture de ce procès historique pour témoigner et rappeler à la Cour et aux autorités de Hong Kong que le monde entier suit la situation et ne fermera pas les yeux sur une erreur judiciaire. Nous appelons à nouveau au respect de l'État de droit et à la libération immédiate de Jimmy Lai.

Rebecca Vincent
Directrice des campagnes de RSF

À la veille de l'ouverture du procès, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a déclaré que Jimmy Lai était la cible d’une tentative manifeste d'entraver l'exercice pacifique de ses droits à la liberté d'expression et d'association”. Il a appelé les autorités de Hong Kong à mettre fin aux poursuites intentées contre Jimmy Lai et à le libérer. Après des mois de plaidoyer de la part de l'équipe juridique de Jimmy Lai, de RSF et d'autres organisations internationales, c'est la première fois que le gouvernement du Royaume-Uni demande publiquement la libération de Jimmy Lai, qui a la nationalité britannique.



Lauréat du prix RSF de la liberté de la presse, Jimmy Lai est emprisonné dans une prison de haute sécurité depuis décembre 2020 et a été condamné à cinq ans et neuf mois de prison sur la base d'accusations montées de toutes pièces. Depuis 25 ans, il s'efforce de défendre les valeurs du pluralisme des médias et de la liberté de la presse à Hong Kong.



Peu avant le début du procès, le 9 décembre 2023, Lyon, troisième ville de France, a décerné la citoyenneté d'honneur à Jimmy Lai en reconnaissance de son intarissable combat pour la liberté de la presse. Au début de l'année, d'éminents dirigeants de médias du monde entier, ainsi que le grand public, se sont joints à l'appel mondial de RSF pour #FreeJimmyLai.



Chute d'un bastion de la liberté de la presse



En juin 2023, une délégation de RSF s’était déjà rendue en mission à Hong Kong pour y évaluer les besoins des journalistes en termes de sécurité, trois ans après l’entrée en vigueur de la Loi sur la sécurité nationale, adoptée par Pékin pour faire taire les voix indépendantes dans l’ancienne colonie britannique. La délégation avait aussi assisté à une audience du procès pour publications séditieuses” de deux anciens rédacteurs en chef de Stand News, un média que les autorités ont fermé de force en 2021. Près de deux ans après leur arrestation en décembre 2021, ils attendent toujours le verdict de leur procès, qui devait durer 20 jours, mais qui en a pris plus de 50.



Au cours des trois dernières années, dans la lignée de la croisade contre le journalisme menée par le dirigeant chinois Xi Jinping, le gouvernement de Hong Kong a poursuivi au pénal au moins 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont 12 sont toujours détenus. Le gouvernement a aussi fermé de force les quotidiens indépendants Apple Daily et Stand News, tandis que six autres médias n'ont eu d'autre choix que de s’auto-démanteler sous la pression.



Hong Kong occupe la 140e dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 publié par RSF, ayant dégringolé de la 18e place en deux décennies. La Chine, pour sa part, est au 179e rang sur 180 pays et territoires évalués.

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179/ 180
Score : 22,97
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Score : 44,86
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